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Leur société
Climat : une loi qui échauffe les esprits
La loi Climat et résilience a été votée en première lecture par l’Assemblée nationale mardi 4 mai. Elle sera examinée au Sénat fin juin.
Quand le gouvernement déclare faire entrer l’écologie dans la vie, il faut comprendre que la population paiera, et particulièrement les plus pauvres, sans que pour autant une lutte contre le réchauffement climatique soit véritablement engagée. Car tout est fait pour ne pas gêner les grandes entreprises, voire pour faciliter la bonne marche de leurs affaires.
Les mesures concernant l’automobile illustrent les priorités gouvernementales. D’ici un peu plus de huit ans, celles qui émettent plus de 123g/km de CO2 ne seront plus vendues. Parallèlement, les trusts de l’automobile vont continuer à être gavés de subventions censées leur permettre de fabriquer des voitures électriques ou moins polluantes, en sachant que les scandales récents sur les mesures de la pollution ont montré qu’aucune confiance ne pouvait leur être accordée. Les particuliers continueront à profiter de ristournes pour le remplacement de leur véhicule, mais celles-ci profiteront à ceux qui disposent déjà d’un budget pour s’acheter une voiture neuve. Cerise sur le gâteau, le gouvernement n’a même pas le courage de limiter dès aujourd’hui la publicité pour la vente de véhicules SUV particulièrement polluants.
À l’encontre de tous ceux qui ont des véhicules polluants, le gouvernement veut mettre en place de nouvelles zones dites à faible émission dans les métropoles de plus de 150 000 habitants. Certains véhicules ne pourront pas y circuler, ce qui en exclut toutes les personnes qui ne pourront les remplacer. Ces mesures se résument donc à subventionner les grandes entreprises d’une main, et de l’autre à pénaliser les travailleurs contraints d’user leur diesel jusqu’à la corde.
Par rapport au logement, le gouvernement veut agir contre les passoires thermiques : 1,8 million d’habitations ne devraient plus pouvoir être louées. Mais il ne prévoit rien ou presque pour que ceux qui y sont logés, rarement par choix, puissent avoir un toit correct.
Au nom de l’arrêt de l’artificialisation des sols, la loi prévoit qu’il ne sera plus possible de construire des centres commerciaux à la périphérie des villes. Mais des dérogations sont prévues en cas de besoin. Cette mesure est dérisoire, car les grands groupes commerciaux sont en train de développer des espaces de vente de proximité pour répondre au changement de mode de vie d’une partie des consommateurs. En revanche, les entrepôts se développent, et à leur encontre aucune restriction n’est prévue.
Pour couper l’herbe sous le pied des écologistes, bien souvent concentrés sur la consommation individuelle, il y aura l’obligation de proposer une fois par semaine un repas végétarien dans les cantines scolaires, le développement de la vente en vrac, ou encore l’enseignement du développement durable à l’école. Tout cela consiste à vouloir rendre le consommateur responsable de la pollution par ses choix, alors que le développement technique, l’organisation de la vie et de la consommation dépendent des choix des grandes entreprises.
Bien conscients que cette loi est une mascarade, les participants à la Convention citoyenne pour le climat, ainsi que des associations militant sur ce terrain ont prévu d’exprimer leur colère lors de la marche pour le climat, dimanche 9 mai.