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Dans le monde
G20 : très coûteux pince-fesses à Rome
Avant de s’envoler pour Glasgow, chacun dans son avion pour gloser sur le réchauffement climatique, les dirigeants des vingt plus grandes puissances ont passé à Rome un week-end de G20, entre dîners officiels, visite de la chapelle Sixtine, entretiens bilatéraux ou échanges informels.
Ces sommets du G20, organisés à grands frais depuis 2008, sont présentés comme des moments déterminants pendant lesquels les dirigeants du monde discuteraient d’homme à homme – avec quelques femmes – des dossiers importants pour la marche du monde. Au menu de cette édition il y avait, nous dit-on, le réchauffement climatique, la lutte contre le Covid-19 et la fiscalité sur les entreprises multinationales.
Entre deux verres de prosecco, Macron était supposé recoller les morceaux avec Jo Biden, après le camouflet australo-américain de la rupture du contrat des sous-marins français. Entre la poire et le fromage, Macron et Johnson devaient discuter de la nationalité des poissons de la Manche. Les absences, très commentées, de Xi Jinping et de Poutine ont été interprétées comme un refus du multilatéralisme par la Chine et la Russie, tandis que le départ anticipé de Bolsonaro, battu froid par les autres chefs d’État, a été présenté comme une victoire des démocrates sur un criminel complotiste.
Tout cela n’est qu’une immense et très chère comédie. Chaque sommet de ce type coûte plusieurs centaines de millions de dollars. Il faut un cynisme sans limite à ces chefs d’État pour se vanter à Glasgow de leur vertu écologique après leur luxueux week-end à Rome. Ce n’est d’ailleurs pas vraiment lors de ces sommets que des décisions sont prises. Les accords internationaux, quand ils existent, sont élaborés après des mois de négociations entre des hauts fonctionnaires de chaque pays, et d’action souterraine des lobbys, c’est-à-dire des grandes entreprises capitalistes dont chaque gouvernement national défend les intérêts.
L’affaire des sous-marins australiens illustre clairement que, même quand un accord est signé entre ministres sous les flashes des jounalistes, les grandes manœuvres se poursuivent en coulisses, entre les chefs militaires, les patrons des chantiers navals et les services secrets. Pendant que Bolsonaro était ostracisé à Rome, Total, Nestlé ou Rio Tinto ont continué leurs affaires au Brésil, ouvrant une nouvelle plateforme pétrolière au large de Rio de Janeiro, achetant du soja des terres défrichées en Amazonie ou rachetant une mine de fer ou de nickel.
Ces dirigeants, même élus au suffrage universel et renouvelés à intervalle régulier, ne sont que des figurants paradant dans un beau décor. Les véritables maîtres de la société sont plus discrets, à l’ombre des conseils d’administration des multinationales et des grandes banques.