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Dans le monde
Chine–Afrique : des yuans face à des dollars
La 8e Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine, tenue en novembre au Sénégal, a été l’occasion pour le gouvernement de la République démocratique du Congo de dénoncer une partie des accords économiques passés avec la Chine.
Les dirigeants de cette ex-puissance coloniale qu’est la France en profitent pour critiquer la présence chinoise dans ce qu’ils considèrent toujours comme leur pré-carré africain.
À ce sujet, on a pu entendre sur France Info que « des institutions internationales comme le FMI et la banque mondiale s’inquiètent de la dépendance économique du continent africain vis-à-vis de la Chine ». Ces fameuses institutions sont celles qui ont organisé l’étranglement financier et l’appauvrissement des pays africains dans les années 1980 et 1990. Si elles sont inquiètes, c’est pour les intérêts des grandes puissances impérialistes dont elles sont les porte-flingues économiques.
Depuis les années 2000, la Chine multiplie les contrats commerciaux et des accords économiques avec différents pays d’Afrique. Les patrons chinois qui s’installent dans un pays se comportent évidemment comme tous les capitalistes du monde, exploitant, trompant, mentant et appauvrissant la population. Les conditions de travail sur les chantiers des entrepreneurs chinois du bâtiment à Abidjan, en Côte d’Ivoire, sont aussi indignes que celles des autres.
Un des principaux sujets de cette 8e Conférence a concerné les contrats sur les mines de cuivre et de cobalt de la RDC. La Chine possède en effet de grandes mines dans ce pays, achetées à des entreprises américaines ou canadiennes qui s’en débarrassaient. En 2008, un accord a été passé pour échanger ces minerais contre la construction d’infrastructures industrielles, mais aussi de communications et nombre d’hôpitaux, d’écoles, etc. Mais finalement, douze ans plus tard, on est loin du compte, seuls 356 km de routes au lieu des 3 500 promis ont été construits et aucun hôpital sur les 31 annoncés. Le gouvernement chinois a profité du rapport de force avec la RDC pour tirer avantage de ce contrat. Il sait combien le pays manque d’infrastructures et a besoin de devises étrangères et donc d’exporter ses minerais.
Une grande partie des contrats passés entre la Chine et les pays africains depuis 2000 ont ce même caractère d’échange de matières premières contre la promesse de construction d’infrastructures. Cela montre surtout l’état de délabrement dans lequel les puissances impérialistes présentes depuis des décennies et les capitalistes monopolisant les secteurs du transport et portuaires, comme Bolloré, laissent ces pays.
Dans cette recherche de matières premières, alimentaires, et surtout de minerais pour alimenter ses industries qui produisent principalement pour le marché occidental, la Chine a aussi proposé des prêts très risqués, car remboursables avec les recettes issues de l’exportation des matières premières des pays emprunteurs. Ils sont donc très dépendants des cours des matières premières sur lesquels ni la Chine ni les pays africains n’ont la main. Cela fait dire à certains journalistes que la Chine possède 62,1 % de la dette africaine. C’est oublier qu’il ne s’agit que des emprunts d’État à État. En réalité la Chine ne possède que 7,5 % de la dette extérieure africaine. Et si elle est devenue le « premier « partenaire économique » de l’Afrique, comme disent les journalistes, c’est principalement du fait du désintérêt des capitalistes occidentaux.
En effet, après avoir pillé le continent, mis en esclavage et au travail forcé sa population, puis avoir imposé partout des cultures d’exportation et des économies intégralement dépendantes du marché capitaliste mondial, les puissances impérialistes ont en grande partie cessé de s’intéresser au développement économique de l’Afrique.
Alors, quand elles dénoncent l’emprise de la Chine en Afrique, les puissances impérialistes s’opposent à un concurrent commercial, c’est vrai, mais elles mènent aussi leur jeu diplomatique. Elles savent pertinemment que la Chine ne menace en rien leur domination économique ou politique. Celle-ci ne possède, par exemple, qu’une base militaire en Afrique, ce qui la rend bien moins présente que l’armée française, disséminée sur le continent. Quant à sa présence économique, elle s’exerce principalement dans les secteurs abandonnés par les autres impérialistes ou moins importants pour leur domination. Si cela ne rend pas son exploitation moins lourde, pour les populations de ces pays, elle est loin d’être équivalente à celles des ex-puissances coloniales.