GHU Belleville – Paris : face au sous-effectif permanent12/01/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/01/2789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

GHU Belleville – Paris : face au sous-effectif permanent

À l’hôpital psychiatrique de Belleville, qui fait partie du GHU (Groupement hospitalier universitaire) de Paris, la nouvelle vague de Covid signifie une forte dégradation des conditions de travail pour les soignants.

Le sous-effectif est permanent : dans un service par exemple, l’équipe complète de douze infirmiers en temps normal n’en compte plus que six qui doivent se répartir les prises de poste, les trous étant comblés par des intérimaires. La direction se sert de ce prétexte pour fermer des lits et réduire l’effectif minimum nécessaire par jour, mais au lieu de diminuer la charge de travail, les entrées et les sorties se succèdent encore plus rapidement et la multiplient.

Pour compenser les manques, l’encadrement propose de ne faire que le minimum pour les patients, c’est-à-dire de ne plus être disponible pour parler avec eux. Il manque du matériel pour travailler avec les patients positifs au Covid, les surblouses sont remplacées par des sacs poubelle comme il y a deux ans, les masques FFP2 sont rationnés, on fait signer le collègue qui récupère la boîte de masques chirurgicaux pour tout le service. Pour les gants il n’y a que du S, et les sur-chaussures se font rares.

Quand quelqu’un fait la remarque à une cadre, c’est au mieux un silence méprisant ou embarrassé, et au pire une réponse du genre « ne vous plaignez pas, c’est pire ailleurs ». Les initiatives des soignants sont découragées, comme quand certains ont voulu ouvrir un deuxième vestiaire pour éviter les brassages. Beaucoup réfléchissent à changer de travail.

Mais pour la première fois depuis des années, toute l’équipe d’un des services s’est réunie, infirmiers, aides-soignants et ASH, les seuls manquants étaient les collègues positifs mais qui en appréciaient l’idée. Chacun à tour de rôle a exprimé son ressenti sur les conditions de travail, la fatigue, la difficulté à venir travailler, le manque de reconnaissance, la dégradation générale.

Cela a permis d’évacuer, de se questionner aussi sur la politique d’embauches à l’hôpital public, et même au-delà. Le fait de s’être réunis, d’avoir décidé d’en parler avec les services voisins a en tout cas déjà changé l’ambiance, malgré le travail toujours difficile.

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