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ArcelorMittal-Dunkerque : “acier vert”… les subventions
Sous prétexte de décarboner l’acier, Castex s’est rendu à l’usine ArcelorMittal de Dunkerque vendredi 4 février pour assurer au milliardaire Mittal que ses profits seront préservés.
L’« acier vert » est un label que le groupe ArcelorMittal a inventé lui-même il y a un an. Avec lui, le groupe sidérurgique annonce diminuer la quantité d’émission de CO2, notamment en augmentant le recyclage de la ferraille et en utilisant des nouveaux procédés de production utilisant moins de charbon, voire pas du tout.
La baisse des émissions de CO2 annoncée aura-t-elle lieu ? En tout cas cette évolution de la production sidérurgique permet déjà à ArcelorMittal de faire financer par de l’argent public la rénovation et le développement de ses installations. Sur le site de Dunkerque, cela a payé une partie de l’agrandissement du parc à ferrailles et la modernisation des ponts. Pour le moment, cet investissement permet plutôt d’augmenter les capacités de production de l’usine, au nom de la transition énergétique.
Sous prétexte de produire de l’acier avec de l’hydrogène et des fours électriques, le groupe a annoncé la fermeture de trois hauts-fourneaux : deux à Dunkerque, un à Fos-sur-Mer. Pour cela, ArcelorMittal annonce un investissement de 1,7 milliard d’euros. Mais, à travers un mécanisme de compensation, c’est surtout l’État qui va payer, en s’engageant à financer la différence des coûts de production entre une production à forte émission de carbone, comme c’est le cas aujourd’hui, et une production sans carbone ou faiblement carbonée. Pour le gouvernement, il s’agit de « dérisquer » et de « rentabiliser les investissements ». En résumé, Castex assure que l’État garantira les profits d’ArcelorMittal. Profits qui se situent pour 2021 dans la zone des 12 milliards d’euros !
Cette annonce permet à Macron, à deux mois de la présidentielle, de se présenter comme le candidat qu’il faut à la fois pour l’industrie et pour sauver la planète. Pour ArcelorMittal, c’est un gros coup de publicité pour son acier vert qu’il veut vendre jusqu’à deux fois plus cher que l’acier normal, et la perspective de gros chèques de l’État.
Dans la réalité, il y a un monde entre les annonces et ce qu’ArcelorMittal est, pour le moment, capable de faire. Car la préoccupation du groupe pour ces innovations techniques est bien tardive. De plus, pour les appliquer à grande échelle, il faudrait une production d’hydrogène très importante et des quantités d’électricité qu’EDF n’arrive toujours pas à produire. Par anticipation, le gouvernement a tout de même nommé Darmayan, ancien directeur d’ArcelorMittal-France et ancien président de l’IUMM, pour réfléchir à la future tarification de l’électricité destinée aux industries grosses consommatrices. On devine déjà ses conclusions.
Rien n’est sûr en ce qui concerne les capacités d’ArcelorMittal à produire de l’acier vert. Ce qui est sûr, c’est que les patrons ont l’intention de faire payer ces transformations techniques par les travailleurs et la population.