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Mali : l’armée française part mais reste en Afrique
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé le 14 février que l’armée française allait quitter le Mali, précisant toutefois qu’elle serait toujours présente au Sahel. Les intérêts de l’impérialisme français seront simplement défendus à partir d’autres pays.
Depuis le coup d’État de mai 2021, le départ prochain des troupes françaises était devenu chaque mois plus évident. Contrairement aux gouvernements précédents, la junte dirigée par Assimi Goïta n’acceptait pas la tutelle de Paris. Les « lignes rouges » successives que les dirigeants français ont prétendu lui imposer n’ont fait qu’accroître l’hostilité des militaires maliens envers la France. L’interdiction de discuter avec les groupes djihadistes et de faire appel aux mercenaires du groupe russe Wagner, ou la volonté de Paris d’imposer son calendrier électoral ont été prises comme autant de diktats et repoussées de plus en plus fermement. Alors même que cette junte est composée de soudards qui n’hésiteront pas au besoin à réprimer la population, elles ont tout juste réussi à souder celle-ci derrière les militaires dans un sentiment de rejet de l’ancienne puissance coloniale. Même les sanctions économiques imposées au Mali par les alliés africains de la France n’ont pas réussi à dresser la population contre la junte, contrairement aux calculs de Paris.
Les troupes qui constituent la force Barkhane vont donc se replier sur les pays voisins, dans un nouveau dispositif qui leur permettra d’intervenir dans la zone où sont concentrés les intérêts économiques majeurs de l’impérialisme français. Cela concerne la Côte d’Ivoire et le Sénégal notamment, aujourd’hui menacés à leur tour par les groupes djihadistes, mais aussi le Bénin ou le Togo. Mardi 8 février, sept personnes ont ainsi été tuées dans une attaque djihadiste au Bénin et une dizaine d’autres blessées. L’armée française a beau multiplier les communiqués sur le nombre de djihadistes qu’elle élimine, l’expansion de ces groupes dans des zones jusque-là épargnées confirme que sa présence est bien impuissante à enrayer leur progression.
Les dirigeants français entendent continuer à défendre militairement les intérêts de leur impérialisme après l’éviction de leurs troupes du Mali. Macron s’est concerté dans ce but avec les chefs d’État de pays qu’il avait impliqués dans l’alliance G5 Sahel, le Niger, la Mauritanie, le Tchad. La nature des régimes de ces pays suffit à rendre dérisoires les critiques françaises sur le manque de démocratie au Mali. Au Tchad règne la dictature de père en fils du clan Déby et de sa soldatesque. En Mauritanie l’esclavage est toléré et ceux qui s’y opposent sont emprisonnés. Quant au Niger, c’est avant tout la chasse gardée du trust français Orano, le successeur d’Areva qui y a extrait pendant des dizaines d’année l’uranium bon marché pour les centrales nucléaires.
L’impérialisme français n’est pas seul dans la région. Au Niger, les USA disposent de deux bases de drones, à Niamey et Agadez, et de plusieurs centaines d’hommes des forces spéciales. Ils fournissent à l’armée française les informations de leurs satellites, sans lesquelles elle se trouverait pratiquement aveugle. Dans cette partie de l’Afrique, les USA sous-traitent à la France le maintien de l’ordre impérialiste, tout en gardant un œil sur la situation. L’armée française est ainsi la mandataire des grandes puissances capitalistes.
Cette domination maintient toute la région dans un état de sous-développement chronique, sous la coupe de gouvernements brutaux et corrompus. Pour que cela cesse, il faudra que les troupes françaises et celles des autres puissances soient définitivement chassées hors d’Afrique.