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Leur société
RSA : stages bidon, mépris réel
Dans le cadre de ses attaques contre les chômeurs, Macron entend conditionner le versement du revenu de solidarité active, le RSA, à un minimum d’activité hebdomadaire. À l’image d’autres gouvernements avant lui, il prétend qu’une personne qui perçoit le RSA le fait par choix et par refus de travailler.
On peut y ajouter les déclarations gouvernementales sur la situation de l’emploi, qui s’améliorerait jusqu’à atteindre le plein emploi. Mais cela cache une tout autre réalité. Dans une situation de chômage de masse, près de deux millions de personnes vivent avec le RSA. L’idée d’exiger une contrepartie étant loin d’être nouvelle, certains départements, en charge du paiement et du suivi des bénéficiaires du RSA, s’en sont déjà emparés.
Depuis 2016, le département du Haut-Rhin, qui a été le plus loin dans ce sens, impose sept heures par semaine de bénévolat aux allocataires, sur la base d’un volontariat plus ou moins forcé. Pour l’instant, un département n’a pas le droit de supprimer purement et simplement le versement de l’allocation, mais la situation des travailleurs au chômage de longue durée est suffisamment précaire pour que les propositions soient ressenties comme une obligation, voire comme un chantage.
Dans l’Aisne, deux de nos lecteurs en témoignent ainsi :
« J’ai plus de 55 ans. Il me reste un enfant à charge, après en avoir élevé trois. Dès que j’ai été en contact avec l’unité territoriale d’action sociale, via une assistante sociale, des menaces m’ont été faites de me retirer le RSA si je n’acceptais pas leurs propositions.
Concrètement, j’ai un stage intitulé « Soyons solidaires » dont la durée est d’un an. Nous ne sommes pas payés et devons être présents deux jours par semaine. Il est impératif d’être à l’heure, mais une fois dans les locaux, nous n’avons rien à faire. Des coloriages ou des jeux du genre baccalauréat nous sont proposés. Celui qui regarde son téléphone pendant ces activités se prend une réflexion et des menaces. Une séance de cinéma a été organisée, comme si cela allait nous aider à trouver du travail ! Nous avons même fait une brocante adressée à nous-mêmes !
Nous sommes quelques-uns à être en colère devant cette humiliation qui nous est infligée. Le comble, c’est que les formateurs m’ont annoncé que je devais faire un nouveau stage gratuit dès septembre ».
« J’ai 56 ans. J’ai été à nouveau convoqué par les services du département pour un stage de six mois pour m’aider à chercher du travail. Cette formation est rémunérée 650 euros. Comme j’ai le droit de cumuler avec le RSA pendant trois mois, cela me permet de mettre un peu de beurre dans les épinards.
Cependant ce stage est un retour en arrière, où nous ressentons le mépris de ceux qui l’organisent. L’idée que les chômeurs sont des fainéants est tellement ancrée que ce stage est surtout un stage d’obéissance aux règles imposées. Nous devons arriver à l’heure, mais une fois dans la salle, nous n’avons rien à faire. Nous prenons le café, puis attendons la pause, avant quelques activités d’informatique ou de remise à niveau en français et en mathématiques.
Pour plusieurs d’entre nous, c’est déjà la deuxième, voire la troisième fois, que nous faisons et refaisons la même chose. Des stages gratuits en entreprise sont prévus. J’ai été appelé par une entreprise où j’avais fait un stage pour un travail à mi-temps, pour lequel il faut être disponible même les week-ends. Prévenant les formateurs de cette promesse d’embauche, ils m’ont dit que si je n’étais pris que pour une semaine, il faudrait que je rembourse la formation ! »