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Dans le monde
Superprofits : palabres européennes
Après qu’un certain nombre de pays européens ont annoncé la mise en place d’une taxe sur les bénéfices des entreprises du secteur énergétique, c’était au tour de l’Union européenne (UE) d’afficher son intention de répartir les efforts et d’imposer une « contribution » aux super-profiteurs du secteur.
Il faut dire qu’avec des bénéfices supplémentaires estimés à 200 milliards d’euros pour la seule année 2022, les grandes compagnies énergétiques européennes, du britannique Shell au français TotalEnergies en passant par l’italien Ennel, ont touché le jackpot grâce à la flambée des prix.
La Commission européenne, par la voix de sa présidente, Ursula von der Leyen, a donc annoncé vendredi 16 septembre, un « plan d’amortissement de l’impact de la crise de l’énergie ». D’abord, il s’agirait de faire baisser la consommation énergétique de tous les États membres. Ensuite, il faudrait plafonner temporairement les recettes des producteurs d’électricité dont les coûts de production n’ont pas augmenté car ils produisent avec des ressources indépendantes du gaz, mais qui ont profité de l’envolée des prix – alignés sur celui du gaz. Pour finir, il faudrait mettre en place une « contribution temporaire sur les bénéfices excédentaires » des compagnies énergétiques.
La fameuse taxe – ou contribution dans le langage plus diplomatique de la Commission – deviendrait donc réalité et tous, du simple citoyen contraint de couper le chauffage, à l’actionnaire millionnaire de TotalEnergies délesté d’une partie de ses superprofits, uniraient leurs efforts pour éviter une Europe plongée dans les ténèbres ?
On en est loin ! Comme chaque mesure annoncée par la Commission européenne, il s’agit de « propositions », d’« objectifs » et autres « incitations ». Soumis à l’appréciation des États, le plan sera débattu le 30 septembre par les ministres des 27 États membres de l’UE. Et il y a fort à parier que, si contribution il y a, elle ressemblera aux impôts exceptionnels censés être déjà en vigueur dans certains pays de l’Union, qui existent surtout sur le papier et bien peu dans les caisses des États.
À l’étage européen ou à celui des États nationaux, les représentants de la bourgeoisie tiennent le même langage moralisateur aux populations, priées d’éteindre la lumière et de croire aux contes de fées sur les efforts partagés.