Bouchers-charcutiers : le hachoir du grand capital30/11/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/11/2835.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bouchers-charcutiers : le hachoir du grand capital

Mardi 29 novembre, les bouchers-charcutiers manifestaient à Paris. Ils veulent, disent leurs organisations, dénoncer l’étranglement financier dont sont victimes les 18 000 artisans cette filière.

La hausse généralisée des tarifs de l’énergie a en effet entraîné une augmentation des prix de l’alimentation animale, exclusivement produite par les grandes entreprises de l’agro-alimentaire, et donc de la matière première des bouchers. D’autre part, une boucherie consomme beaucoup d’électricité pour ses chambres froides et ses vitrines réfrigérées. Les artisans, particulièrement ceux des quartiers populaires qui sont l’écrasante majorité, peuvent difficilement répercuter ces hausses sur une clientèle dont les salaires et les pensions sont bloqués et qui est déjà contrainte de limiter ses dépenses. Ils peuvent en revanche faire un peu plus pression sur leurs employés, limiter leur nombre, les faire travailler au noir, cesser de salarier les membres de leur famille qui travaillent à la boutique, multiplier l’utilisation des stagiaires et apprentis. Ils peuvent aussi, comme ils le font déjà depuis longtemps, transformer leur boutique en boucherie-charcuterie-traiteur-épicier-­caviste- fro­mager, etc. Cela ne fait que déplacer le problème et, éventuellement, la clientèle, mais sans augmenter ses moyens. Rien de cela ne transformera le hachis de vache de réforme en côte de bœuf de Salers.

S’ils sont les premiers petits patrons à manifester depuis l’explosion des tarifs de l’énergie et des produits de la grande industrie, les bouchers ne sont pas les seuls à souffrir. Les producteurs de pommes, par exemple, doivent conserver des mois durant leur production dans d’immenses hangars réfrigérés. Ils sont désormais coincés entre leurs factures de courant et le prix auquel le grand commerce paye leur production. Les petits patrons du bâtiment voient le prix des matériaux exploser, entre la signature du devis et l’exécution des travaux, et leur marge se réduire d’autant. Des petits éleveurs sacrifient la partie de leur cheptel qu’ils ne pourront ni nourrir ni chauffer cet hiver. Les restaurants ouvriers sont contraints d’augmenter le prix de leur menu et redoutent que leur clientèle, même avec des tickets restaurant, ne puisse plus suivre.

La liste est longue de ces petits patrons, avant-dernier maillon de la chaîne qui va des coffres du grand capital jusqu’à la masse des travailleurs salariés, qui commencent à payer personnellement pour la crise du système capitaliste. À mesure que celle-ci s’approfondit, les plus puissants, les grandes entreprises capitalistes, font payer tous les autres, ceux qui ne possèdent rien, bien sûr, mais aussi désormais ceux qui croient posséder quelque chose.

Partager