Face à l’inflation : profits ou pas, augmenter les salaires07/12/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/12/2836.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Face à l’inflation : profits ou pas, augmenter les salaires

Le nom donné par le gouvernement à ce qui ne serait finalement qu’une nouvelle prime, le « dividende salarié », recèle un double piège. Ce nom veut évoquer un possible « partage de la valeur » entre patronat et travailleurs.

Le nom « dividende salarié » charrie implicitement l’idée que si les patrons ne font pas de bénéfices, il serait normal pour les travailleurs d’en « partager » les pots cassés.

Cette idée est particulièrement nocive car elle vise à faire croire aux travailleurs que les actionnaires d’une entreprise et les salariés qui en produisent toute la richesse devraient fatalement partager le même sort, voire la même galère en cas de baisse des profits de ladite entreprise. Or, alors même que les grandes entreprises ont dégagé des profits record en 2022, elles prétextent déjà leur incertitude face à l’avenir pour ne pas lâcher, actuellement, les augmentations de salaire qu’exigent bien des travailleurs face à la hausse des prix. Accepter l’idée d’une communauté d’intérêts entre salariés et actionnaires serait un jeu de dupes. Si des groupes, voire des secteurs entiers de l’économie, devaient être affectés dans les mois à venir par les conséquences de la crise qui s’aggrave, les travailleurs n’en seraient pas responsables. Ce ne serait que le retour de bâton d’un jeu auquel tous les capitalistes participent et dont ils tirent leurs milliards passés et actuels. À l’origine de ces milliards, il y a les travailleurs sans lesquels rien ne serait produit, rien ne fonctionnerait, rien ne tournerait. Dans le système capitaliste, les travailleurs n’ont jamais leur mot à dire dans la manière dont les patrons gèrent leur entreprise ou même l’économie, choisissent telle production, tel marché ou tel débouché, la voiture électrique contre le moteur thermique par exemple. Alors, ils n’ont pas à accepter d’être co-responsables de la catastrophe à laquelle les mènent ces derniers, et donc solidaires des pertes éventuelles de leur entreprise.

Les travailleurs n’ont que leur salaire pour vivre, contrairement aux capitalistes. Quels que soient les soubresauts d’une économie chaotique et aberrante, gérée en dépit du bon sens, les travailleurs ont besoin de vivre et sont légitimes pour imposer, quoi qu’il arrive, des salaires qui permettent de vivre dignement.

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