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Leur société
Péages autoroutiers : ça roule pour les profits
Les Eiffage, Vinci et autres groupes opérateurs autoroutiers avaient annoncé l’automne dernier qu’ils devraient faire grimper les tarifs des péages en 2023. Ils s’y voyaient « contraints et forcés » par la hausse des prix des matériaux d’entretien expliquaient-ils alors. Ils tiennent parole.
Après la hausse de 2 % en 2022, c’est donc une augmentation moyenne de 4,75 % qui s’appliquera au 1er février. Les grands groupes propriétaires du réseau autoroutier affirment sans rire que c’est le minimum indispensable pour rentrer dans leurs frais. Quelle blague ! La grande majorité des autoroutes ont été construites par l’État, avec l’argent public, avant de devenir propriété de sociétés d’autoroutes. Ces dernières, pour un minimum d’investissements, touchent le pactole.
La presse a d’ailleurs révélé qu’un document de l’Inspection générale des finances, remis dès 2021 à Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, suggérait déjà une baisse drastique du tarif des péages. Sur les deux tiers du réseau, le rapport préconisait une baisse de 60 % des tarifs, en constatant que les sociétés concessionnaires d’autoroute « jouissent d’une rentabilité très supérieure à l’attendu », « qui va contre le principe de rémunération raisonnable ». Ce document allant contre le principe du profit maximum cher aux actionnaires, Le Maire s’était bien gardé d’en communiquer les conclusions.
Cela chagrinera peut-être ses auteurs, mais cela ne les surprendra sans doute pas beaucoup. Dans leur rapport, ils soulignaient leur étonnement devant le peu d’attention que le gouvernement accordait au niveau de revenus dégagés par les sociétés d’autoroutes : « Ce manque d’implication a de quoi surprendre, alors que les concessions autoroutières touchent environ 11 milliards d’euros par an de péages. »
Embarrassé aujourd’hui par la révélation de ce document, qu’il avait lui-même commandé puis oublié dans un tiroir, le gouvernement a fait mine de s’émouvoir et demandé aux sociétés de faire un geste, par exemple pour les abonnés qui font des trajets liés au travail. Mais il a surtout affirmé que les solutions de l’inspection générale des finances pour baisser les tarifs seraient inapplicables. La faute en serait aux contrats qui lient l’État aux concessionnaires, que le gouvernement s’engage à renégocier en se montrant « intraitable », mais seulement quand ils arriveront à échéance. On doit trembler chez Vinci !
Les travailleurs, les classes populaires qui dépendent de la voiture pour vivre et travailler, subissent déjà la hausse des carburants. Celle des péages va contribuer à serrer leur ceinture d’un cran supplémentaire. Quant aux actionnaires des concessionnaires autoroutiers, ils pourront continuer à rouler sur l’or, avec la bénédiction du gouvernement.