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Dans le monde
Portugal : les enseignants en lutte
Jeudi 2 mars, les enseignants de la moitié nord du Portugal ont été nombreux à faire grève, suivis le vendredi 3 par leurs collègues du sud. Et samedi 4 mars, deux manifestations ont réuni 40 000 personnes à Lisbonne et 45 000 à Porto.
Depuis trois mois le mécontentement des enseignants s’exprime dans tout le pays, avec des grèves locales qui ont culminé en une manifestation de plus de 100 000 personnes samedi 11 février au centre de Lisbonne.
Les enseignants refusent un nouveau système de recrutement et d’affectation des professeurs et contestent le service minimum de trois heures d’enseignement par jour que le gouvernement a imposé. Celui-ci invoque le « droit à l’éducation », mais ne veut pas recruter suffisamment pour que ce droit se concrétise. Les enseignants revendiquent des embauches, de meilleures conditions de travail, la fin de l’emploi de contractuels payés 1 200 euros qu’on affecte loin de chez eux, et surtout des augmentations de salaire.
En 2008, lors de la crise de la dette et des plans d’austérité sous le contrôle de l’Union européenne et du Fonds monétaire international, le gouvernement avait baissé les salaires des fonctionnaires, et gelé ancienneté et augmentations. Puis le gouvernement socialiste d’Antonio Costa, installé en 2015, a peu à peu lâché quelques augmentations de salaire et relancé l’ancienneté. Mais il a refusé tout rattrapage, si bien que les salaires ont plus d’une dizaine d’années de retard.
Les enseignants ne sont pas seuls à revendiquer. Les cheminots viennent de terminer une série de grèves. Les soignants étaient appelés à la grève les 6 et 7 mars, pour des embauches et des augmentations de salaire. Le gouvernement socialiste se vante d’une croissance économique de 6,7 % et d’un taux de chômage retombé en dessous de 7 %. Les grandes entreprises prospèrent, mais l’inflation est officiellement proche de 10 %, presque la moitié des salariés touchent le salaire minimum de 866 euros, et dans les supermarchés les vols de nourriture sont si fréquents que certains placent les boîtes de thon sous antivol. Quant aux loyers, l’affluence des touristes les rend inabordables pour les travailleurs.
Le Premier ministre Costa annonce un plan pour freiner les prix des logements, qui limiterait le logement touristique et réduirait les logements vacants. Cela voudrait dire s’en prendre aux bourgeois qui spéculent sur l’immobilier, et Costa en est bien incapable, malgré sa majorité au Parlement. Pour les salaires et l’emploi comme pour le logement, la lutte des enseignants et des salariés en général est la seule chose qui peut être efficace.