Casino : le bal des vautours21/06/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/06/P15_Lors_dun_debrayage_au_casino_de_C_Dauphine_libere.jpg.420x236_q85_box-44%2C0%2C756%2C400_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Casino : le bal des vautours

« Casino est blessé et les prédateurs s’approchent », écrit le quotidien Les Echos du 15 juin. Et il ajoute : « La meute se divise en deux camps : ceux qui veulent prendre le contrôle et ceux qui veulent se partager les restes. » Au-delà de toutes les péripéties qui agitent ces carnassiers, le sort de près de 200 000 travailleurs dans le monde est en jeu.

Illustration - le bal des vautours

Car Casino, malgré une position en parts de marché largement inférieure à celle des Leclerc, Carrefour ou Intermarché, regroupe dix mille magasins de tout format, des hypermarchés Géant aux magasins de proximité Vival, en passant par les supermarchés Franprix, Monoprix et Naturalia. Et c’est cet ensemble qui fait de Casino une proie alléchante pour ses concurrents et pour les industriels et financiers candidats à sa reprise ou à son dépeçage. La condition est toutefois de pouvoir gérer l’immense dette du groupe.

En effet, rien que depuis février, la dette de Casino s’est alourdie de 1,2 milliard d’euros. Elle atteint aujourd’hui 6,5 milliards, auxquels il faut en ajouter trois autres pour Rallye, la holding de contrôle du groupe, et 400 millions répartis sur les deux autres holdings. Ce montage financier a fait la fortune de Naouri, l’actuel PDG, et des banques créancières. Mais Casino se retrouve aujourd’hui pris entre les griffes d’autres rapaces venus de tous les côtés.

En 2015, alors que l’action Casino était cotée 50 euros, le fonds spéculatif Muddy Waters avait mené une offensive en affirmant qu’elle valait 6,90 euros. Un mouvement de baisse sur les marchés financiers s’était alors enclenché, au point que l’action valait 5 euros le 5 juin dernier.

C’est précisément cette chute accélérée du cours de Bourse de Casino et son endettement astronomique qui accélèrent le rythme et l’intensité de la chasse organisée. Le premier à s’être annoncé est le milliardaire franco-tchèque Daniel Kretinsky. Déjà propriétaire de 10 % de Casino, il possède également 25 % du capital de Fnac-Darty et est le patron d’un certain nombre de titres de presse, dont Elle, Marianne, Télé 7 jours, ainsi qu’un actionnaire du quotidien Le Monde et de TF1. Il est par ailleurs en train de racheter Editis à Vivendi.

Le premier à avoir signé un accord avec Casino est le groupe Intermarché. Son offre porte sur 180 magasins et prévoit la mise en place d’une centrale d’achat commune pour se renforcer face aux fournisseurs. Entre les deux, s’avancent plusieurs autres prétendants, notamment Alexandre Zouari, le premier franchisé de Casino, à la tête de 150 Franprix et Monoprix et propriétaire de la chaîne de surgelés Picard. Un autre est InVivo, groupement de 185 coopératives agricoles qui possède également les enseignes de jardinerie Gamm Vert, Delbard et Jardiland. Sans oublier les concurrents directs de Casino, à commencer par Carrefour, très intéressé par les implantations de Casino au Brésil et en Argentine, et qui lorgne également sur Monoprix, via son deuxième plus gros actionnaire, la famille Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette. Auchan aussi s’est dit prêt à un rapprochement et Leclerc, qui a déjà racheté plusieurs hypermarchés, en veut plus. Les crabes sont donc bien sortis de leur panier.

Face à cette brochette de capitalistes, tous aussi riches et parasites les uns que les autres, les travailleurs ont le nombre et devront se donner les moyens de défendre tous ensemble leurs intérêts communs.

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