Bien évidemment ce sont les commandes d’avions de ligne civils qui sont mises en avant, comme celles de centaines d’avions ­Airbus par une compagnie indienne. Mais il y a un énorme marché dont les commandes ne sont pas rendues publiques, ou très marginalement : ce sont les commandes militaires. Et pourtant ce sont elles qui ont fait un bruit d’enfer, dans toutes les communes environnantes, bien avant l’ouverture au public.

Cette année, avec la guerre en Ukraine et le renforcement des crédits militaires partout dans le monde, le Salon est une immense foire aux avions de chasse, aux gros porteurs militaires, aux hélicoptères de combat, aux missiles en tout genre et même, ce qui n’a rien d’aérien, aux chars d’assaut et aux sous-marins. Pour les seuls avions de chasse sont donc en compétition les F16 et F15 américains de Lockheed Martin, bradés à moins de 20 millions de dollars l’unité, opposés au Rafale de chez Dassault à 142 millions de dollars l’unité, et cette année à l’Eurofighter Typhon soutenu par l’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie, à 150 millions de dollars l’unité. Sans compter les matériels d’armement qui les accompagnent. Et ce ne sont pas les plus chers du marché.

Ainsi le coût du futur avion de combat européen, le SCAF, est estimé à 100 milliards d’euros. Nul doute que ce programme, prévu pour 2040, verra les coûts estimés au départ, largement explosés, comme toujours !

Cette « grande manifestation populaire » n’a donc rien de réjouissant, car elle est la foire aux engins de destruction qui viendront remplir les coffres d’une poignée d’industriels et ­appauvrir en retour les ­populations partout dans le monde, en réduisant toujours plus ce qui leur revient en matière de services utiles. Avant peut-être que cette armada prenne l’air pour porter la désolation, comme les dirigeants de tous les pays, vendeurs ou acquéreurs, sont prêts à le programmer.