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Leur société
Journalistes : la loi du bâillon ?
Le 26 septembre, une journaliste du site d’investigation Disclose, Ariane Lavrilleux, a été convoquée chez un juge des libertés et de la détention après avoir subi dix heures de perquisition à son domicile et 48 heures de garde à vue pour trouver quelles étaient ses sources.
On reproche à cette journaliste d’avoir publié, en collaboration avec plusieurs autres journalistes, une enquête sur Sirli, une opération des services de renseignements militaires français réalisée en Égypte à partir de 2016. Cette collaboration, conclue entre le dictateur al-Sissi et le gouvernement français de François Hollande, s’est poursuivie sous Macron. Elle consistait, au nom de la lutte contre le terrorisme, à confier la surveillance de la frontière entre la Libye et l’Égypte à un avion piloté par des militaires français. Les renseignements recueillis devaient être traités par l’armée de l’air égyptienne, qui se chargerait d’éliminer les prétendus djihadistes.
L’enquête de Disclose a révélé en 2021 que l’armée égyptienne avait réalisé au moins 19 bombardements sur les cibles repérées, en réalité des véhicules de petits trafiquants et contrebandiers en tout genre, en faisant sans doute plusieurs centaines de morts civils.
Imperturbables, Hollande puis Macron ont continué à soutenir al-Sissi, à le rencontrer, à le décorer et à lui vendre des Rafale pour une poignée de milliards. Et tant pis pour tous ceux qui longent ou traversent cette frontière, contrebandiers, migrants, opposants fuyant la guerre et les régimes dictatoriaux d’une région qui n’en manque pas, à commencer par celui du dictateur égyptien.
Une journaliste lanceuse d’alerte, elle, peut se trouver sous le feu des appareils répressifs, services secrets, police, justice. Une parfaite entrée en matière pour les États généraux de l’information décidés par Macron.