“Terroriste” ou pas : guerre des mots et chantage politique18/10/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/10/2881.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

guerre au moyen-orient

“Terroriste” ou pas : guerre des mots et chantage politique

Sur tous les plateaux de télévision et de radio, une même question surgit : « Qualifiez-vous le Hamas d’organisation terroriste ? » Mais cette question ne vise pas, malgré les apparences, à déterminer le degré de solidarité des interviewés avec les victimes des assassinats commis par le Hamas.

Le gouvernement et les journalistes à son service ne sont pas préoccupés par ces victimes, mais elles leur servent pour imposer à tout le monde de choisir sans discuter le camp de l’impérialisme et d’Israël.

S’en prendre aveuglément à des civils pour les tuer, comme l’a fait le ­Hamas, est barbare et ne sert en rien la cause des Palestiniens. Au contraire même, cela a servi à transformer les deux millions de Gazaouis en otages et en victimes des bombardements israéliens. Et, loin de permettre d’avancer vers la reconnaissance des droits des Palestiniens, ces actes abominables ne peuvent que rejeter encore les autres peuples, en particulier les Israéliens, du côté de leurs dirigeants.

Mais, si le Hamas a voulu semer la mort parmi les Israéliens pour les terroriser, en montrant qu’il ne recule devant aucun moyen, il utilise en cela les mêmes armes que l’État d’Israël, qui le fait en beaucoup plus grand. Depuis des années celui-ci bombarde aveuglément Gaza. L’armée israélienne a tué des centaines d’enfants, de civils, a détruit des hôpitaux, des écoles, sous le regard des grandes puissances complices. Et pourtant l’armée israélienne n’est pas considérée par les institutions internationales comme une organisation terroriste. Car, pour ces institutions qui se donnent le droit de déterminer qui est terroriste et qui ne l’est pas, certains meurtres de civils sont acceptables et d’autres pas. Pour elles, tuer des civils par milliers avec les moyens d’un État soutenu par les grandes puissances n’est pas du terrorisme, le faire contre un tel État en est.

De même, ces institutions internationales ne considèrent pas qu’avoir largué deux bombes atomiques sur des villes japonaises en 1945, fait des centaines de milliers de morts sur le coup et autant dans les années suivantes avec les répercussions de la radioactivité, a représenté un acte de barbarie et de terrorisme. Parce que, sinon, il faudrait admettre que la plus grande organisation terroriste du monde se nomme les États-Unis.

Pendant la guerre d’Algérie, le gouvernement français imposait de qualifier le FLN de terroriste ; pendant ce temps son armée torturait des civils, bombardait des villages et déportait des Algériens. Mais il avait le cynisme de qualifier cela du mot bien plus doux de « pacification » !

Alors, ce qui est en jeu derrière cette guerre des mots n’a rien à voir ni avec la solidarité avec les victimes civiles, quelles qu’elles soient, ni avec le rejet de la barbarie. Il s’agit d’imposer la position gouvernementale et l’idée que les grandes puissances, dont la France, soutiennent Israël pour la bonne cause, pour la défense de la veuve et de l’orphelin.

Il n’y a aucune raison de céder à ce chantage politique. Le Hamas est une organisation islamiste dont la politique contribue à approfondir le fossé de sang entre les peuples et aussi à entretenir sa dictature sur les Palestiniens de Gaza. Il n’y a aucune raison de se sentir solidaire de cette organisation, mais toutes les raisons de se sentir solidaire du peuple palestinien contre l’État d’Israël et contre le Hamas lui-même. Israël mène une guerre d’oppression et de colonisation depuis plus de 70 ans, avec des moyens abjects, en se mettant au service du maintien de la domination des grandes puissances dans tout le Moyen-Orient. Cette guerre est abominable. Les Palestiniens ont tout autant que les Israéliens droit à leur existence nationale. Ce sont bien eux les premières victimes des guerres et de l’oppression entretenues par l’État d’Israël et les grandes puissances au Moyen Orient.

En fait, il y a bien deux camps dans cette guerre, mais pas ceux qu’on nous présente. D’un côté, il y a les dirigeants d’Israël et des grandes puissances, mais aussi ceux des États arabes, du Hamas et même de l’Autorité palestinienne, qui veulent avant tout le pouvoir et contribuent chacun à leur façon au maintien de l’oppression des peuples. En face, les opprimés arabes, palestiniens et israéliens n’ont aucun intérêt à cette guerre. Mais ils ne pourront y mettre fin qu’en s’unissant sur la base de leurs intérêts de classe contre tous leurs oppresseurs.

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