ZFE : les voitures de pauvres à la casse03/01/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/01/2892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

ZFE : les voitures de pauvres à la casse

Depuis le 1er janvier 2024, dans les métropoles de Strasbourg, Lyon et Grenoble, les voitures classées Crit’Air 4, des diesels immatriculés entre 2001 et 2005, sont interdites de circulation.

À l’échelle nationale, onze agglomérations ont déjà institué des Zones à Faible Émission (ZFE), bannissant l’usage des plus vieux véhicules, en particulier les diesels, jugés plus polluants. Ces ZFE seront généralisées dans les quarante-quatre agglomérations de plus de 150 000 habitants d’ici 2025.

Si le calendrier d’interdiction pourra dépendre des zones concernées, les principales victimes sont d’ores et déjà désignées : les classes populaires sont contraintes de remplacer au prix fort leurs vieux véhicules, bien souvent indispensables pour se rendre au travail.

En effet, nombre de travailleurs ont été chassés en périphérie des grandes villes, en raison du prix du logement devenu inaccessible. Mais faute de transports en commun à proximité, la voiture y est indispensable. Selon l’Insee, 30 % des personnes habitant à moins de 500 mètres d’une station de métro ou de tram utilisent leur voiture pour se rendre au travail, mais 80 % l’utilisent quand ils en sont éloignés de plus de 1,5 km. Cela signifie qu’il faudrait, en premier lieu, investir massivement dans un réseau dense de transports en commun dans toutes les zones urbaines afin d’y faire reculer la place de la voiture, et du même coup la pollution automobile responsable chaque année de dizaines de milliers de morts prématurées, sans parler des accidents routiers.

Le capitalisme est incapable de cela. Les grands groupes de l’automobile ont d’abord encaissé les dividendes sur les 22 millions de véhicules diesel aujourd’hui en circulation, longtemps présentés comme moins polluants car de consommation moindre. Les mêmes groupes sont aujourd’hui tout à fait ravis que l’État contraigne leurs possesseurs à les envoyer à la casse au nom de l’environnement et à racheter au prix fort un nouveau modèle.

Pour tous ceux-là, peu importe le réservoir, pourvu qu’on ait l’ivresse des bénéfices.

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