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Leur société
Macron : “réarmement” et “ordre”… contre les travailleurs
Pendant presque deux heures et demie, en direct sur au moins six chaînes de télévision, Macron a tenu sa conférence de presse comme une leçon d’éducation civique et militaire obligatoire.
L’ordre du jour est de « donner un nouveau cap à la France », de « réarmer la nation » pour les trois années de mandat restantes. On en a déjà eu un avant-goût avec la nomination du gouvernement de Gabriel Attal, flanqué d’une ministre de l’Éducation et des sports qui affiche son mépris de l’Enseignement public et d’une ministre de la Culture « prise de guerre » repêchée chez les sarkozystes et surtout préoccupée, en fait de culture, de conquérir la mairie de Paris en 2026.
Le 16 janvier, la mobilisation télévisuelle autour de la logorrhée présidentielle visait donc à fournir un emballage à ce début peu enthousiasmant. Après quoi, il l’est encore moins. À la recherche d’idées, le locataire de l’Élysée ne trouve rien d’autre à ressortir qu’un fatras de poncifs réactionnaires qui fleurent bon le « travail, famille, patrie » d’un défunt maréchal.
Questionné sur les problèmes de l’école, des enseignants non remplacés, etc., Macron a bien sûr assuré qu’il a des solutions. Mais comme il n’est pas question d’embaucher les professeurs qui manquent, il propose de restaurer l’uniforme et de faire chanter la Marseillaise car dit-il, il croit aux « symboles ». L’avantage est d’ailleurs qu’ils ne coûtent rien, contrairement aux subventions au patronat ou aux budgets d’armement, réservés à des gens qui, eux, ne se contentent pas de symboles…
« Réarmer » était en tout cas le maître mot, et pas seulement au sens figuré. C’est la réponse de Macron quand il parle de l’inquiétude de la population face à la montée des dangers de guerre. C’est sa réponse à la baisse de la natalité à laquelle il oppose le « réarmement démographique ». Mais c’est aussi sa façon de dire que les travailleurs doivent accepter de se sacrifier pour le bien de la France, en fait pour le compte du grand patronat qui encaisse les milliards auxquels il n’est pas question de toucher.
Il faut augmenter la production, a dit Macron. Alors il faut que les travailleurs et les chômeurs acceptent toutes les offres d’emplois que le patronat leur propose et à ses conditions ! C’est ainsi qu’il faut comprendre ses « règles plus sévères » contre les travailleurs quand ils refusent des offres d’emploi. Il s’agit de pousser le maximum de femmes et d’hommes dans les bras du patronat pour les mettre en concurrence et faire baisser les salaires. Macron voudrait aussi que les salaires des fonctionnaires soient davantage réévalués « au mérite », c’est-à-dire qu’il n’y aura pas d’augmentation et qu’il leur faudra filer doux.
Macron a également fait sa réclame pour le Service national universel dans les lycées. C’est qu’il ne faut pas oublier de préparer de futurs soldats et de futurs travailleurs obéissants. Le président veut œuvrer « pour que la France reste la France » face aux dangers qui la menacent dans lesquels il range l’immigration, la drogue et l’islam radical. C’est ainsi qu’il entend combattre le Rassemblement national en faisant du Le Pen avant Le Pen.
Derrière tout ce bavardage, la ligne est claire. La bourgeoisie a besoin d’ordre, de salariés allant au travail sans rechigner, d’une école qui les y prépare, que personne ne critique quand le grand patronat encaisse des milliards et appauvrit la société. Le personnel politique à disposition est ce qu’il est, pas bien reluisant, comme ces ministres faisant tapisserie dans un coin. Mais il est là et il fera le travail pour lequel il est prévu : au fond, Macron aurait pu se contenter d’un tel communiqué.