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Leur société
Médecins étrangers : indispensables, comme tous les travailleurs
Des médecins diplômés hors de l’Union européenne étaient en grève le 18 janvier. Ils ont manifesté devant le ministère de la Santé, pour dénoncer l’interdiction d’exercer qui frappe plusieurs milliers d’entre eux depuis le début de l’année.
Alors qu’auparavant une relative possibilité de régularisation existait, après justification de leurs compétences devant des commissions, les règles ont été durcies par la loi Buzyn de 2019. Dorénavant, ces médecins, diplômés dans leur pays d’origine n’en sont pas mois soumis à des « épreuves de vérification des compétences » (EVC). Il s’agit en fait d’un véritable concours, que seulement 30 % des candidats ont réussi en 2023. Ceux qui ont échoué ne peuvent plus légalement exercer depuis le 1er janvier. Ils risquent en outre de ne pas voir leurs titres de séjour renouvelés et sont donc sous la menace d’une obligation de quitter le territoire. Ils seraient plus de 2 000 dans ce cas, sur les 5 000 médecins étrangers exerçant en France.
Au même titre que nombre de secteurs de l’économie, les hôpitaux, déjà au bord de l’asphyxie, ne pourraient pas tourner sans ces travailleurs immigrés. C’est le cas notamment dans de nombreux services qui sont les parents pauvres de la santé, comme la gériatrie, la psychologie ou les Urgences. Près d’un millier d’urgentistes seraient ainsi suspendus, d’après leurs syndicats. Face à cette situation, le gouvernement se retranchait jusqu’alors derrière la loi Valletoux, votée fin décembre, qui prévoit la possibilité d’exercer provisoirement treize mois supplémentaires à condition de s’inscrire à nouveau aux EVC, mais dont les textes d’application ne sont toujours pas parus.
Cette mobilisation a poussé la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, à reculer et à annoncer le 22 janvier qu’une dérogation serait accordée aux médecins concernés. Ce recul gouvernemental ne permettra toutefois pas de mettre fin à la précarité dans laquelle ils exercent. Précarité que l’inique loi Immigration ne fera que renforcer, puisqu’elle ne prévoit la délivrance d’une carte de séjour que pour une durée de quatre ans, et cela uniquement pour ceux ayant réussi les EVC.