OTAN : alliances entre brigands14/02/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2898.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

OTAN : alliances entre brigands

Lors d’un récent meeting électoral, Trump a laissé entendre que, s’il était élu président des États-Unis, il refuserait d’assurer la protection de pays membres de l’OTAN qui ne paieraient pas leur contribution financière. Cette déclaration provocante a indigné la presse internationale mais, au fond, elle met le doigt sur ce que sont les alliances militaires des pays impérialistes.

Par cette dernière sortie, il est certain que Trump cherchait à plaire à son électorat le plus isolationniste. Sa formule signifiait : « Pourquoi défendre la veuve et l’orphelin en Europe alors que cela coûte tant au contribuable américain ? » Nombre de commentateurs et dirigeants politiques se sont dits choqués d’un tel aveu. Mais l’hypocrisie et la manipulation sont autant du côté de Trump que de ceux qui le critiquent ainsi. Car tous les dirigeants des grandes puissances savent bien que les alliances militaires internationales n’ont rien à voir avec une quelconque solidarité humaine, mais correspondent aux intérêts de leurs États et à leurs rapports de force mouvants.

Le point de départ de la réaction de Trump sur le financement de l’OTAN est d’ailleurs un prétexte qui ne correspond pas à la réalité. Ce que chaque État membre doit verser comme contribution directe est une somme dérisoire, car il n’y a pas d’armée de l’OTAN mais juste une administration dont le budget s’élève à un peu plus de 3 milliards d’euros. Ce sont les États-Unis et l’Allemagne qui y contribuent le plus (16,2 % chacun), suivis de la Grande-Bretagne (11,2 %) puis de la France (10,4 %) et de l’Italie (8,7 %). Par contre, depuis la création de l’OTAN, les États-Unis font ­pression pour que chaque pays mem­bre ait un budget militaire équivalant à au moins 2 % de son PIB. Or, si beaucoup étaient en dessous de ce seuil jusqu’à l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe, ce n’est plus le cas. Tous les pays ont largement commencé à réarmer et, par exemple, dès 2024 le budget militaire de la France sera supérieur à 2 % du PIB. Alors, si jamais les États-Unis retiraient leur soutien à tel ou tel pays de l’OTAN, ce serait pour d’autres raisons qui n’auraient rien à voir avec ce qu’un Trump peut dire en campagne électorale.

L’OTAN n’a jamais été un club d’États se promettant assistance mutuelle quoi qu’il arrive, sous prétexte qu’ils représenteraient le camp de la liberté ou de la démocratie. Il s’est agi, dès sa fondation en 1949, d’une coalition militaire voulue d’abord par les États-Unis pour menacer l’URSS. Avec la guerre en Ukraine, deux pays européens, qui jusque-là étaient restés en dehors, la Finlande et la Suède, ont rejoint l’OTAN, pour faire face à la Russie, mais aussi suite aux pressions américaines. Cela alors que, jusque-là, leurs populations étaient attachées à leur neutralité, espérant que celle-ci les maintiendrait en dehors de futurs conflits.

Les alliances militaires des grandes puissances ont toujours fluctué sans jamais les engager dans les faits. Un des préludes à la Deuxième Guerre mondiale a été la prétendue paix de Münich en novembre 1938. Au lieu du prétendu « front international des démocraties » contre le fascisme, on a alors assisté à une entente entre quatre grandes puissances, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Italie, pour permettre à Hitler de commencer à mettre la main sur la Tchécoslovaquie, alors même que la France et la Grande-Bretagne en étaient officiellement des alliées.

En réalité, les alliances comme l’OTAN annoncent bien plus de menaces contre les peuples qu’elles ne leur assurent une protection. C’est pour les populations la menace de devenir la chair à canon des futures guerres et, pour leurs territoires, d’en être le terrain. C’est ce qui s’est passé pour l’Ukraine qui, bien que non membre de l’OTAN, est devenue l’alliée des États-Unis et des puissances européennes, pour le plus grand malheur de sa population.

Partager