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- Lutte ouvrière n°2899
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Editorial
La grève, c’est l’arme de tous les travailleurs
La grève des contrôleurs de la SNCF, les 17 et 18 février, a entraîné une poussée de fièvre antiouvrière : les laquais de la bourgeoisie, qui applaudissent aux superprofits et trouvent normal que les actionnaires encaissent des dividendes en hausse de 20 ou 30 % par an, se sont déchaînés contre les prétendus « cheminots privilégiés ».
En première ligne, il y avait les sénateurs de droite. Ces messieurs viennent de se voter une augmentation de 700 euros de leurs frais de mandat, lesquels passeront de 5 900 à 6 600 euros mensuels car, expliquent-ils, l’inflation et les JO font augmenter les nuitées d’hôtel. Cela ne les a pas empêchés de calomnier les contrôleurs qui, à les entendre, « n’avaient pas à se plaindre ».
Ne leur en déplaise, les contrôleurs ne se « plaignent » pas, ils se battent, et ils savent pourquoi : 500 euros par mois sur la prime de travail, des mesures d’aménagement pour ceux qui approchent de la retraite et des embauches, pour qu’il y ait deux contrôleurs dans tous les TGV.
Comme n’importe quel travailleur, les contrôleurs de la SNCF veulent que leurs conditions de travail et leurs salaires ne reculent pas. Politiciens et médias ont tenté de dresser les usagers contre les cheminots, mais cela n’a pas marché auprès de bien des travailleurs, précisément parce que ces revendications font écho à celles de l’ensemble du monde du travail.
La flambée des prix que nous subissons est bien supérieure à l’inflation de 5 % officiellement annoncée. Quel est l’ouvrier, l’employé, la caissière, le technicien, l’aide à domicile satisfait de son salaire ? Cela fait des années que les suppressions d’emplois se succèdent. Alors, qui n’a pas de revendication concernant les effectifs et les conditions de travail ?
Les politiciens ont fait mine de se soucier des vacances des travailleurs, alors qu’ils sont, avec le grand patronat, les premiers à nous les pourrir en faisant reculer nos droits et notre pouvoir d’achat.
Si quelques familles ont été privées de ski, n’oublions pas que des millions d’autres n’ont jamais mis les pieds dans une station de sports d’hiver. Non pas faute de trains, mais parce qu’après avoir payé la facture d’électricité et le plein d’essence il ne reste plus rien.
Revendiquer l’augmentation de son salaire de base, c’est-à-dire le salaire qui tombe tous les mois, qui assure un minimum quand on est malade et qui compte pour le calcul de la retraite, est une préoccupation commune à tous les travailleurs. Et il faut que cette augmentation soit indexée sur le niveau réel d’inflation que nous mesurons tous quand nous allons faire nos courses et devons payer toutes nos factures.
C’est un combat à mener car, même si les milliards pleuvent dans les caisses du grand patronat, celui-ci ne lâchera rien de notable sans y être contraint par les travailleurs mobilisés.
Ce combat démarre parfois dans un service ou un atelier au moment des négociations annuelles obligatoires qui mettent en lumière la rapacité patronale. Mais, pour faire payer le grand patronat, il faut que l’action collective et la combativité s’élargissent et se répandent à tous les corps de métier et à tous les secteurs.
Les grèves de cheminots ont le don d’enrager les défenseurs du patronat parce qu’elles démontrent de façon spectaculaire le poids des travailleurs dans la société. Avec 70 % de grévistes dans les TGV, les contrôleurs ont désorganisé le trafic. C’est dire qu’ils sont indispensables à la bonne marche de la société. Cela donne une idée de la force que représenteront tous les contingents de salariés quand ils entreront en lutte ensemble, entraînant, espérons-le, les petits agriculteurs, artisans et petits commerçants écrasés par le grand capital.
Il y aura toujours des parasites pour nous faire la leçon et nous expliquer, comme l’a doctement fait le Premier ministre, que « les travailleurs ont le devoir de travailler ». Merci, Monsieur Attal, quand on appartient au monde du travail, on sait qu’on y est obligé !
Mais on sait aussi que le droit d’encaisser, c’est la bourgeoisie qui le détient, les grands actionnaires et le grand patronat, tel le patron de LVMH, Bernard Arnault, qui a gagné en 2023 l’équivalent d’un smic toutes les 15 secondes.
Alors, vive les travailleurs qui se battent pour défendre leur niveau de vie et leurs conditions de travail ! Quelle que soit notre branche d’activité, notre lutte est légitime. Marchons la tête haute et luttons pour nos intérêts, avec l’objectif de généraliser le combat, parce que c’est en s’unissant que les travailleurs pourront véritablement inverser le rapport de force avec le grand patronat.
Bulletins d’entreprise du 19 février 2024