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Dans les entreprises
Hôpitaux : une situation financière aggravée
Depuis maintenant une bonne dizaine d’années, le secteur hospitalier et en particulier les grands hôpitaux qui drainent les malades de toute une région, souffrent d’une maladie qui s’appelle la financiarisation.
Des groupes capitalistes ont mis la main sur les activités rentables des hôpitaux. Ainsi, un certain nombre de secteurs sont partiellement sortis de la sphère publique pour devenir des hôpitaux privés.
On pouvait presque penser qu’avec l’épisode du Covid et les subventions étatiques, ce mouvement aurait été ralenti. Mais les chiffres montrent l’importance de la dette que tous ces hôpitaux ont contractée : celle de l’ensemble des CHU du pays a triplé en une année, passant de 400 millions à 1,2 milliard d’euros en 2023. Ensuite, la croissance du secteur privé, en nombre d’établissements et en part d’activités, montrent un mouvement qui s’est amplifié. Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), sur l’ensemble du pays, les établissements privés ont vu leur situation financière s’améliorer : les recettes atteignent 19 milliards en 2021, soit une hausse de 7,5 % par rapport à 2020. Leur bénéfice continue sa progression, pour atteindre 5,4 % alors qu’il était de 3,4 % avant le Covid. C’est le niveau le plus élevé depuis 2006.
Cette évolution s’est faite, bien entendu, avec la participation active des Agences régionales de santé, elles-mêmes sous contrôle du gouvernement, voire avec leur complicité. Selon la Cour des comptes, ces ARS ont sélectionné pour la période 2021-2029, des projets d’investissements surdimensionnés pour un montant de 27,2 milliards d’euros « qui pourraient se traduire par une nouvelle dérive de l’endettement des hôpitaux publics ».
À cela s’ajoute la difficulté de recrutement du personnel hospitalier, bien plus importante dans les hôpitaux publics que dans ceux du privé car les administrations publiques bloquent de fait les embauches. Il n’y a plus personne pour faire le travail, des lits voire des services entiers sont fermés, des blocs opératoires tournent au ralenti et comme l’a dit récemment un grand ponte hospitalier, voyant ses salles d’intervention dernier cri vides faute d’infirmiers de bloc et d’anesthésistes : « On a une Formule 1, mais avec le réservoir d’une R5. » La baisse d’activités qui en résulte est notable, ce qui entraîne à son tour une diminution des rentrées d’argent et contraint les hôpitaux à recourir toujours plus aux emprunts, aggravant du même coup, la mainmise des financiers sur leurs budgets. Depuis mars 2020, trois millions d’hospitalisations n’ont pas pu avoir lieu.
La population a de moins en moins accès aux soins dans le secteur public, ce dont profitent les grands groupes privés de la santé, comme Ramsay, le numéro un en France qui possède désormais plus de 200 établissements en France.