Aéroport de Toulouse-Blagnac : l’exploitation à plein gaz !06/11/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/11/P15_A%C3%A9roport_Blagnac_C_LO.jpg.420x236_q85_box-84%2C0%2C716%2C355_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aéroport de Toulouse-Blagnac : l’exploitation à plein gaz !

Plus de 2 000 travailleuses et travailleurs se côtoient à l’aéroport Toulouse-Blagnac (ATB), tout en étant salariés de multiples sociétés différentes.

Illustration - l’exploitation à plein gaz !

L’aéroport a été partiellement privatisé il y a quelques années. Après l’intermède d’un patron chinois, l’actionnaire principal est aujourd’hui le groupe Eiffage. Le trafic, avec 83 % de celui de 2019, n’a pas tout à fait retrouvé son rythme d’avant Covid mais les profits, eux, ont bien redécollé. Le groupe ATB qui gère l’aéroport a ainsi réalisé près de 20 millions de bénéfices l’an dernier, un record. Pour cela, il compte sur les redevances des compagnies, les parkings, la location des espaces commerciaux et les économies sur le personnel.Ainsi, après l’épisode du Covid, beaucoup de départs n’ont jamais été remplacés.

ATB, comme les compagnies aériennes, sous-traite une grande partie de son activité : sûreté, opérations au sol, restauration, nettoyage, sécurité incendie… et la situation des salariés de ces sociétés sous-traitantes n’est bien sûr pas meilleure, mais cela permet de diviser les travailleurs. Ainsi, il y a deux sociétés de sûreté (contrôle des passagers et des bagages) : ICTS et Seris, ce qui a permis dans le passé de basculer le trafic d’une société vers l’autre lors d’une grève.

Dans ces entreprises, c’est la précarité qui règne : intérim, CDD, contrats pro, temps partiels… Même des sociétés sous-traitantes sous-traitent à leur tour. Ainsi Avia Partner, société d’assistance aux compagnies, sous-traite la manutention des bagages à GSF. Et chez ce sous-traitant de sous- traitant, beaucoup de salariés ont des contrats de 15 heures sur six jours ! Il arrive même qu’on leur demande de venir à l’aéroport pour une heure de travail.

Parfois, c’est un groupe qui morcelle les sociétés. Ainsi le groupe 3S regroupe trois sociétés d’assistance : Alyzia, AHP et Gimas. Il a fait basculer une partie des tâches des deux premières sur Gimas et maintenant, après avoir fabriqué le « sureffectif », il compte dépecer AHP. Il a demandé aux agents d’envoyer leur fiche d’imposition, sans doute pour leur dire que les licenciements tiendront compte de leur situation personnelle ! Quant aux bagagistes de Gimas, eux, en vrai sous-effectif, ils ont subi une douzaine d’accidents du travail depuis ce transfert.

Ces sociétés sous-traitantes sont soumises généralement tous les trois ans à un appel d’offres qui permet au donneur d’ordre (ATB ou les compagnies) de négocier toujours au rabais. Mais la colère s’y exprime aussi, comme en témoigne la récente grève de l’équipe de nettoyage de nuit de la société Arc-en-Ciel.

Les travailleurs des compagnies aériennes ne sont pas épargnés. Les opérations au sol sont de plus en plus automatisées et celles qui ne peuvent pas l’être sont de plus en plus sous-traitées. À Air France, après de nombreux plans de départs « volontaires », 500 en 2013, les agents ne sont plus que 180 aujourd’hui. Air France a décidé de supprimer la desserte navette Toulouse-Paris Orly en 2026. C’est sa compagnie low cost Transavia qui prendrait le relais. Cela annonce de nouvelles attaques contre les agents de la compagnie. Parfois, c’est toute une compagnie et ses salariés qui peuvent disparaître. EasyJet vient ainsi d’annoncer la fermeture de sa « base » de Blagnac. Les 125 navigants (pilotes, hôtesses et stewards sont appelés à quitter Toulouse pour déménager à Orly, Lyon ou Nantes. Tout cela parce que le patron de la compagnie trouve que le trafic ne revient pas assez vite au niveau d’avant Covid.

En bout des pistes, il y a également un centre de rétention pour les sans-papiers et quotidiennement les travailleurs de la zone peuvent voir les agents de la police aux frontières (PAF) escorter les étrangers expulsés. Une tâche pour laquelle les policiers bénéficient de « miles » qui leur assurentdes vols quasi gratuits.

L’aéroport de Blagnac est ainsi un condensé de l’exploitation et de la guerre que mènent les patrons… jusqu’à ce qu’on les arrête !

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