Affaire Boulin : le cadavre d’un ministre dans le placard11/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2928-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire Boulin : le cadavre d’un ministre dans le placard

Le 30 octobre 1979, le cadavre de Robert Boulin, ministre de Giscard d’Estaing, était découvert dans un étang près de la forêt de Rambouillet. La version officielle fut qu’il s’était suicidé... dans 60 cm d’eau.

45 ans après, un témoin affirme avoir entendu, quelques jours après la mort de Boulin, un responsable du SAC (Service d’action civique, la milice gaulliste) reprocher à deux de ses membres d’avoir tué le ministre alors qu’ils n’avaient reçu que l’ordre de lui « filer une danse ». S’il a attendu d’être presque mort pour parler c’est, dit-il, parce qu’il avait peur.

Ce n’est pas le début d’un polar mais une des affaires plus ou moins crapuleuses qui ont émaillé la Ve République. En effet, le juge d’instruction chargé de l’enquête à l’époque, était lui-même lié au SAC. D’ailleurs, les témoignages et les indices matériels allant dans le sens d’un meurtre tels que le visage du ministre portant des traces de coups ont été écartés. Des archives ont comme par hasard disparu et une deuxième autopsie, à la demande de la famille, a été entravée notamment par la disparition des poumons, ce qui ne permettait plus de vérifier l’hypothèse d’une noyade.

Il y avait bien au sein du RPR, une milice regroupant des individus issus du banditisme, du renseignement et de l’extrême droite. Le SAC avait servi à de Gaulle de milice parallèle dans sa politique algérienne. Ses troupes provenaient directement du RPF, le parti aux méthodes fascistes qu’il avait créé en 1947, spécialement pour combattre les militants communistes. Puis le SAC avait repris du service à la fin des années 1970 sous la houlette de Chirac, aidé par son acolyte Charles Pasqua, ancien homme à tout faire de l’entreprise Pernod Ricard, qui allait être ministre de l’intérieur. Or, en 1979, Chirac était en conflit ouvert avec le président Giscard après avoir été son Premier ministre, tandis que Boulin se situait dans le camp présidentiel.

Quelques jours avant sa mort, Boulin avait été attaqué dans la presse pour une affaire concernant l’acquisition du terrain de sa maison de campagne. Il s’apprêtait à riposter en sortant des dossiers de corruption impliquant Elf, Dassault et l’Arabie saoudite, mais il est mort avant d’avoir pu le faire.

Le SAC n’a pas seulement servi à des règlements de comptes au sein de l’appareil d’État. En 1977, des membres du SAC et du syndicat patronal CFT avaient tiré sur le piquet de grève d’une verrerie à Reims, tuant un militant de la CGT, Pierre Maître, et blessant grièvement deux autres ouvriers.

Bien sûr tout le monde vous dira que cela n’est plus possible de nos jours !

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