Afghanistan : des femmes défient le pouvoir11/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2928-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afghanistan : des femmes défient le pouvoir

Alors que le gouvernement des talibans vient d’annoncer de nouvelles interdictions visant les femmes, parmi lesquelles celle de faire entendre leur voix dans l’espace public, certaines ont posté sur les réseaux sociaux des vidéos d’elles-mêmes bravant l’interdiction.

Les lois qui viennent d’être publiées comprennent, outre l’interdiction de chanter ou de lire de la poésie en public, celle de voyager sans être accompagnée d’un chaperon masculin, d’aller au parc, au hammam, et d’étudier au-delà de 12 ans. Les talibans, de retour au pouvoir depuis trois ans, veulent enfermer les femmes entre quatre murs. Durant les vingt années précédentes, la situation s’était un peu améliorée mais essentiellement pour les femmes vivant à Kaboul, la capitale, dans l’ombre de l’occupation militaire américaine. Effectivement, dans l’enseignement supérieur, le nombre d’étudiantes était passé de 5 000 en 2001 à plus de 100 000 en 2021. Mais aujourd’hui, aucune famille n’échappe plus aux conséquences de la barbarie et du fanatisme dans ce pays, un des plus pauvres du monde.

Cette monstruosité du régime envers les femmes s’ajoute à une situation de crise dramatique. La faim touche les deux tiers de la population afghane et très largement les femmes et les enfants. Cette catastrophe aussi résulte des ravages provoqués par quatre décennies de guerre, de manœuvres et d’interventions de l’impérialisme.

C’est l’impérialisme américain qui a armé et financé des mouvements fondamentalistes contre l’Union soviétique dont les troupes étaient intervenues en Afghanistan de 1979 à 1989. Les dirigeants américains ont ensuite appuyé l’accession au pouvoir des talibans en 1996. Interrogé en 1998 sur le fait d’avoir favorisé l’intégrisme islamiste, d’avoir armé et conseillé de futurs terroristes, Brzezinski, conseiller du président américain Carter répondait cyniquement : « Qu’est-ce qui est le plus important au regard de l’histoire du monde ? Les talibans ou la chute de l’empire soviétique ? Quelques excités islamistes ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la guerre froide ? »

En intervenant militairement entre 2001 et 2021 les États-Unis voulaient montrer qu’ils restaient les maîtres après les attentats du 11 septembre. Les 2 000 milliards qu’ils ont engloutis ont servi essentiellement à entretenir des gouvernements corrompus, à financer des officines de mercenaires, à enrichir les marchands d’armes et à bombarder massivement villes et villages soupçonnés de protéger les talibans. La popularité de ces derniers a été renforcée, leur recrutement facilité et ils ont pu revenir en force en 2021, alors qu’ils faisaient face à une armée autrement puissante.

Derrière la responsabilité directe des talibans dans la dictature contre la population afghane, se cache celle des États-Unis dont l’intervention, contrairement à ce qu’affirmaient les discours officiels, n’avait rien à voir avec la lutte contre l’oppression des femmes et a même préparé son renforcement aujourd’hui.

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