Afrique : arrogance et mépris macroniens08/01/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/01/P9-1_Macron_colon_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans le monde

Afrique : arrogance et mépris macroniens

« Je crois qu’on a oublié de nous dire merci, ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps » a déclaré Emmanuel Macron le 6 janvier, en évoquant le départ des militaires français dans plusieurs pays africains durant la réunion des ambassadeurs.

Illustration - arrogance et mépris macroniens

Macron a ainsi réussi à joindre en quelques mots l’odieux de la déclaration à la bêtise arrogante.

Remercier, mais pourquoi les Africains devraient-ils le faire ? Pour l’intervention militaire française au Mali qui loin d’éradiquer la terreur djihadiste l’a étendue à tout le Sahel et a été menée dans le seul intérêt de l’impérialisme français ? Ou serait-ce pour l’ensemble de ses méfaits en Afrique ? Pour les millions de villageois réduits en esclavage et envoyés dans les plantations de canne à sucre ? Pour la cohorte de dictateurs mis en place par France et tenus à bout de bras par son armée ? Pour l’armement et le soutien des génocidaires au Rwanda ? Pour le pillage du pétrole gabonais par Elf et de l’uranium du Niger par Areva ? Et Macron ose parler d’ingratitude !

Comme si les faits ne suffisaient pas, Macron n’a pu s’empêcher d’employer des termes suintant le mépris, qui ne pouvaient qu’indigner tout Africain, dirigeants politiques compris. C’est une habitude chez lui, comme lorsqu’il avait plaisanté sur le président du Burkina-Faso sorti quelques instants d’une conférence de presse à Ouagadougou en disant « il est parti réparer la clim », ou quand il convoquait les présidents africains à un sommet du G7 comme de vulgaires potiches.

Ces propos faisaient suite à l’annonce par Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire, du retrait des troupes françaises du pays. Des 1 000 soldats français qui y étaient présents il ne restera fin janvier que quelques formateurs. Après la Centrafrique, le Mali, le Burkina-Faso, le Niger et le Tchad, c’est une nouvelle étape dans le départ des militaires français du continent. 7 000 d’entre eux étaient encore présents il y a 18 mois seulement en Afrique. Il n’en restera bientôt plus que 350 au Gabon et 1 500 à Djibouti.

Il est vrai que cela ne veut pas dire que l’impérialisme français, s’il le jugeait nécessaire, n’aura plus les moyens militaires d’intervenir pour protéger ses obligés à la tête des États africains. Après tout, il n’y avait pas de base militaire française au Mali en 2013 quand l’opération Serval a commencé. Le président malien a simplement mis celles du pays à la disposition de l’armée française. De plus, l’influence de l’impérialisme français passe par bien d’autres canaux, qu’il s’agisse de liens personnels tissés depuis des années ou de la corruption du personnel politique.

Avec ou sans soldats, l’impérialisme français demeure en Afrique, à côté d’autres, comme demeurera la haine infiniment justifiée que la population porte aux grandes puissances responsables de sa misère.

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