Antisémitisme : qui peut croire l’extrême droite ?26/03/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/03/une_2956-c.jpg.445x577_q85_box-17%2C0%2C3294%2C4244_crop_detail.jpg

Leur société

Antisémitisme : qui peut croire l’extrême droite ?

Jordan Bardella et Marion Maréchal, ainsi qu’une brochette de députés européens d’extrême droite, étaient invités les 25 et 26 mars à Jérusalem pour prendre la parole dans un colloque consacré à la lutte contre l’antisémitisme.

Ces deux héritiers politiques de Jean-Marie Le Pen, plusieurs fois condamné pour des propos antisémites, ainsi qu’un eurodéputé espagnol fils d’un diplomate nazi et de nombreuses autres personnalités au même pedigree ont été invités officiellement par le ministre israélien des Affaires de la diaspora. Cette invitation a mis dans l’embarras jusqu’au très réactionnaire Conseil représentatif des institutions juives de France, qui refusait, jusque-là, de s’afficher avec le RN.

Il est pourtant dans l’ordre des choses qu’un gouvernement responsable du massacre de plus de 50 000 Palestiniens, dont plusieurs ministres sont des suprémacistes juifs ouvertement racistes et qui reçoit le soutien appuyé de Trump et de son équipe dont Elon Musk, l’homme au salut nazi, accueille avec chaleur les chefs des partis d’extrême droite du monde entier.

Pour Bardella ou Maréchal, cette invitation est du pain bénit pour faire oublier les racines antisémites de leurs partis respectifs, achever leur dédiabolisation et faire tomber les dernières barrières à leur intégration au pouvoir en France. Comme tous les politiciens démagogues, ceux d’extrême droite n’ont pas de convictions mais adaptent leurs discours à l’air du temps pour capter le plus grand nombre de voix, dans des milieux variés. Au fil des années, le RN a remplacé l’antisémitisme traditionnel de l’extrême droite par une démagogie raciste dirigée d’abord contre les musulmans, surtout s’ils vivent dans les quartiers populaires.

La période ouverte par le 7 octobre 2023 et l’attaque du Hamas contre des Israéliens a permis aux dirigeants du RN d’accélérer ce tournant. Ainsi, Marine Le Pen et Jordan Bardella se sont-ils invités – en se faisant applaudir – à la marche contre l’antisémitisme organisée le 12 novembre 2023 par les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. Depuis, ils ne cessent de se poser en défenseurs de « nos concitoyens juifs ». Après les ministres en exercice, de nombreux responsables politiques et les journalistes aux ordres, les dirigeants du RN reprennent à leur compte le refrain affirmant que toute critique de l’oppression subie par les Palestiniens, toute dénonciation des crimes commis depuis seize mois par le gouvernement Netanyahou, serait de l’antisémitisme.

L’antisémitisme, que ce soit dans sa version classique d’extrême droite qui fait des juifs les boucs émissaires des malheurs des classes populaires, ou dans une version qui rendrait tous les juifs du monde responsables de la politique de l’État israélien, est une impasse criminelle que les travailleurs conscients doivent combattre. Ceux qui se posent aujourd’hui en champions de la lutte contre l’antisémitisme tout en couvrant les crimes des dirigeants israéliens contribuent à l’alimenter.

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