Argentine : les raisons du succès électoral de Milei29/10/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/10/P9-1_Argentine_le_22_octobre_C_Mat%C3%ADas_Baglietto__NurPhoto_via_AFP.jpg.420x236_q85_box-0%2C83%2C799%2C533_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : les raisons du succès électoral de Milei

Les élections de mi-mandat en Argentine, le 26 octobre, devaient renouveler la moitié des sièges de la Chambre des députés et le tiers des sénateurs. La très nette victoire du parti présidentiel d’extrême droite a surpris et ravi les marchés financiers.

Illustration - les raisons du succès électoral de Milei

Le parti de Milei, « La Libertad Avanza », s’impose comme la première force politique dans 15 provinces sur 24, avec un score national supérieur à 40 %, passant de 37 à 80 députés et de 6 sénateurs à 12. Le parti restait jusque-là très minoritaire au Congrès, ce qui obligeait Milei à des marchandages constants. S’il n’a toujours pas la majorité, il aura désormais la possibilité de peser davantage. L’opposition péroniste, dite « de gauche », est laissée loin derrière. C’est un renversement par rapport aux élections de septembre du Parlement de Buenos Aires où les résultats étaient inverses.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Milei, en décembre 2023, une grande partie des couches populaires s’est considérablement appauvrie et des milliers de travailleurs de la fonction publique ont perdu leur emploi. Dans le bâtiment et les travaux publics, les suppressions d’emplois se sont multipliées tout comme les plans de licenciements dans l’industrie.

Là-dessus, plusieurs scandales ont montré la corruption de l’entourage de Milei. Le dernier en date a amené le retrait du candidat du parti présidentiel dans la province de Buenos Aires, Jose Luis Espert, un cacique de la droite, la justice ayant reconnu ses liens avec le narcotrafic. Mais, tout comme dans d’autres provinces, cela n’a pas empêché la liste d’extrême droite d’arriver en tête, devant l’alliance péroniste « Fuerza Patria ».

Comment expliquer qu’une partie des classes populaires continue à soutenir le gouvernement ? Le chantage de Trump promettant de déclencher une aide économique massive pour soutenir le peso à condition que les électeurs choisissent Milei a dû jouer, l’économie étant à nouveau au bord de l’effondrement. Mais, d’autre part, les travailleurs n’avaient rien à attendre de l’opposition péroniste. Celle-ci bornait sa perspective au départ de Milei mais elle évoque pour les travailleurs l’effondrement économique de 2023, une inflation à plus de 200 % et la corruption. L’ancienne présidente péroniste Cristina Fernández de Kirchner ne pouvait haranguer ses supporters pendant la campagne que depuis son domicile où elle était assignée à résidence après sa condamnation par la justice pour des fraudes dans l’attribution de marchés publics. Son concurrent et ennemi, le gouverneur de la province de Buenos Aires, Axel Kicillof, habitué des accords avec la droite, ne valait pas mieux.

Une partie importante des électeurs s’est donc détournée du vote, par écœurement, n’en attendant plus rien. Dans ce pays habitué à une forte participation, l’abstention a battu un record.

Derrière la victoire de Milei, il y a en fait celle de Trump. L’Argentine reste le principal allié des États-Unis en Amérique latine dans la perspective d’un conflit avec le Venezuela et la Colombie. Depuis l’arrivée au pouvoir de Milei en 2023, le pays, riche en terres rares et en lithium, a pris ses distances avec la Chine. Milei a même annoncé la mise en commun avec les États-Unis de la base navale d’Almirante Berisso située à Ushuaïa, non loin du détroit de Magellan. Les milliards promis par Trump sont donc loin d’être un cadeau désintéressé et ils ne promettent rien de bon pour les travailleurs argentins.

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