Audi – Bruxelles : les actionnaires doivent payer !24/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2921-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C3%2C1281%2C1663_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Audi – Bruxelles : les actionnaires doivent payer !

Mardi 9 juillet, alors que les travailleurs avaient quitté l’usine pour deux semaines de chômage suivies des congés annuels, la direction d’Audi, à Bruxelles, a annoncé 1 500 licenciements dès septembre, puis une fermeture probable pour fin 2025.

Les 3 000 travailleurs de l’usine et ceux des cinq sous-traitants qui en dépendent directement sont menacés de chômage d’ici quelques mois, voire d’ici la fin de l’année. L’usine produit depuis 2018 des voitures électriques. Elle a reçu des millions de subventions de la région de Bruxelles et les actionnaires ont encaissé les dividendes. Mais la direction compte arrêter la production à Bruxelles de la Q8 très chère qui se vend mal, éventuellement la transférer ailleurs, et envoyer ainsi des milliers de travailleurs au chômage et leurs familles dans la détresse.

Des ouvrières d’Impérial, un des sous-traitants, dénoncent : « Ces derniers jours, chacune de nous faisait quatre postes ! On a travaillé, tu ne peux pas t’imaginer. Et maintenant, on ne sait même pas si ces jours vont être payés. Parce qu’Imperial va peut-être faire faillite. » Depuis des mois se succèdent les licenciements d’intérimaires et de travailleurs malades, des semaines de chômage économique, ainsi que des rumeurs de fermeture. Pourtant, à l’annonce de la direction, les syndicats ont à peine fait passer le message, sans appeler à la moindre action et certains ont même joué la surprise.

Des travailleurs ont pris eux-mêmes l’initiative de venir devant l’usine. Ils ont constaté que la direction avait fait cadenasser les portes, fait monter la garde par des vigiles accompagnés de chiens et même armés ! Certains travailleurs étaient convaincus qu’il ne fallait pas attendre l’hypothétique reprise en août et l’ont fait savoir aux syndicats qui ont répondu qu’il fallait « faire confiance à leurs représentants élus ». Mais pour beaucoup, cette confiance est rompue. Cela fait des mois que les délégués les font patienter, certains mentant éhontément et maintenant ils donnent rendez-vous le 20 août, date de l’hypothétique reprise du travail.

Et s’il n’y a pas de reprise ? La « procédure Renault », nom resté pour le licenciement collectif à l’usine Renault en 1998, a été enclenchée. Elle prévoit « d’explorer toutes les possibilités pour un maintien de l’entreprise » et une prime en cas de licenciement. Mais la direction a montré à maintes reprises qu’elle ne respecte pas ses engagements, alors il est probable que les procédures ne servent qu’à temporiser. Quant aux promesses de repreneurs et de primes importantes, elles ne valent rien ! Tous les exemples passés de fermetures (Caterpillar, Carsid, Van Hool…) le montrent. Sans rapport de force, rien de bon ne pourra sortir des négociations !

Cette conscience qu’il faudra lutter a poussé entre quelques dizaines et quelques centaines de travailleurs à venir devant l’usine pendant les dix jours qui ont suivi l’annonce de la direction. « Ils ont pris ma santé. Ils n’auront pas ma dignité. Il faut se battre », a témoigné un ouvrier. Et en effet les travailleurs devront se mobiliser et s’organiser pour faire payer les actionnaires afin qu’aucun ouvrier d’Audi ne se retrouve sans moyen de vivre.

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