Automobile : les frontières ne protègent pas les travailleurs09/10/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/10/P14-1_Concurrence_chinoise_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Automobile : les frontières ne protègent pas les travailleurs

Le 4 octobre, la majorité des pays de l’Union européenne (UE), France en tête, ont voté de nouveaux droits de douane sur les véhicules électriques chinois. Cette mesure est prise au nom de la lutte contre la concurrence, mais ne protège en rien les travailleurs de l’automobile.

Illustration - les frontières ne protègent pas les travailleurs

En plus des 10 % de taxes déjà appliqués, les véhicules électriques fabriqués en Chine seraient désormais soumis à des droits de douane pouvant aller jusqu’à 37,6 % en UE. Pour justifier cette hausse immédiatement applicable, Bruxelles dénonce des subventions étatiques chinoises en faveur de ses constructeurs automobiles. Comme si tous les États ne faisaient pas de même avec leurs propres capitalistes ! En 2009, l’État français a ainsi versé six milliards d’euros à Renault et Stellantis. Sans parler des subventions et exonérations d’impôts que ces groupes cumulent chaque année.

Politiciens et patrons veulent faire croire que la lutte a lieu entre d’un côté les constructeurs de véhicules chinois et de l’autre les constructeurs européens, voire français, et que cette lutte a un intérêt pour les travailleurs. Mais c’est un mensonge gros comme leur premier milliard de profit. Si les capitalistes de l’automobile se font la guerre entre eux, ce n’est ni pour la production française ni pour sauver les emplois –eux qui passent leur temps à en détruire – mais pour protéger leurs profits.

Ainsi Stellantis, grâce à son partenariat avec le constructeur chinois Leapmotor, entend vendre ses voitures électriques, à l’origine « chinoises » et rebaptisées « européennes » car assemblées en Europe de l’Est, à des prix susceptibles de casser la concurrence de la Dacia Spring (de Renault) avec sa citadine T03, vendue environ 15 à 18 000 euros. Toutes les combines sont bonnes dans la guerre commerciale qui se mène entre trusts de l’automobile, indépendamment des frontières nationales, européennes ou autres. Ainsi, au sein de l’UE, l’Allemagne a voté contre ces nouvelles taxes, en fonction de l’intérêt de ses propres capitalistes. Volkswagen et BMW vendent en effet beaucoup de voitures sur le marché chinois et craignent des mesures de rétorsion de la part de la Chine.

Tous les constructeurs sont en concurrence les uns contre les autres. Et tous les moyens sont bons pour se faire la guerre. Il faut être « compétitif pour sauver les emplois », claironnent-ils à longueur de journée. Mais être compétitif veut dire réduire les coûts de production, c’est-à-dire rogner sur les salaires et les conditions de travail, voire supprimer des emplois. En clair, pour gagner dans cette concurrence, les capitalistes doivent s’attaquer aux travailleurs. Et quand ils perdent, ils le font payer aussi aux travailleurs. Ni dans un cas ni dans l’autre les intérêts de ceux-ci ne sont protégés.

En revanche, les travailleurs ont largement la force et les moyens de se défendre en s’en prenant à leurs propres exploiteurs. De la fabrication des pièces détachées au montage des véhicules et à leur commercialisation, ils font tout ! Tous ensemble, ils peuvent être une force gigantesque si elle repose sur la conscience de ce qui les unit face à des ennemis qui veulent les diviser avec leurs discours sur la concurrence.

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