Automobile : les patrons en guerre entre eux… et contre les travailleurs18/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2929-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Automobile : les patrons en guerre entre eux… et contre les travailleurs

Après la chute des ventes due à la crise sanitaire en 2020, le marché automobile mondial a retrouvé les mêmes niveaux de ventes qu’avant-crise. Ce qui n’empêche pas les capitalistes de parler de crise de l’automobile.

En 2023, les ventes mondiales de voitures neuves ont atteint 65,2 millions contre 64,8 millions en 2019, selon l’Organisation internationale des constructeurs automobiles (OICA). Et après ces années record, les prévisions pour 2024 indiquent seulement une légère augmentation, voire une stagnation. En réalité, le discours sur la crise de l’automobile sert avant tout à justifier la guerre menée aux travailleurs.

En direction des actionnaires et des financiers, le langage est tout à fait différent : ils sont choyés. Depuis 2020, les profits issus de la fabrication de voitures neuves sont historiques. Jamais le secteur de l’automobile, qui nécessite des investissements productifs importants, n’avait engendré de telles masses d’argent : 18,6 milliards d’euros pour Stellantis, 29,6 milliards d’euros pour Toyota, 19,1 milliards de dollars pour General Motors. Et dans cette manne, les dividendes distribués représentent des sommes astronomiques.

Ces profits mesurent non seulement l’augmentation des ventes, mais surtout une plus grande exploitation du travail – l’augmentation de la productivité comme disent les commentateurs –dans le secteur. C’est cela qui intéresse les capitalistes. Pour eux, la question essentielle n’est pas tant l’élargissement du marché, dont ils savent bien qu’il n’est pas extensible à l’infini, que la rentabilité, le profit qu’ils peuvent gagner y compris sur un marché réduit. Ils peuvent donc faire le choix de produire moins de véhicules pour un marché plus restreint, mais des véhicules qui soient vendus plus chers tout en leur ayant coûté moins cher à produire.

Mais comme ils raisonnent tous de la même façon, pour continuer à faire des profits, les capitalistes de l’automobile doivent, non seulement faire la guerre aux travailleurs, mais aussi se faire la guerre entre eux. Il faut « aller manger dans la gamelle des autres », avait si bien expliqué Tavares, le DG de Stellantis, il y a quelques années. Et actuellement le marché des véhicules électriques est un enjeu de cette guerre.

Depuis plusieurs années, les industriels se battent pour que les États les subventionnent pour tous les investissements nécessaires au « passage à l’électrique ». Ils ne veulent pas prendre eux-mêmes les risques liés à ce nouveau marché, et donc ils ont marchandé à chaque étape.

Les pouvoir publics européens avaient décidé – en accord avec les constructeurs –, que les normes d’émissions de CO2 pour les véhicules neufs dans l’Union européenne devraient être abaissées en 2025 à 81g/km, contre 95 g/km actuellement, sous peine d’amendes. Mais cette norme ne correspond qu’à une moyenne que chaque constructeur doit respecter sur l’ensemble de ses véhicules vendus. Ainsi, plus il vend de voitures électriques qui n’émettent pas de CO2, plus il peut vendre de voitures polluantes à côté !

Seulement voilà, la date approche et le marché de l’électrique reste énigmatique pour les capitalistes. Alors certains, dont le directeur général de Renault, réclament que l’UE repousse la date de l’abaissement des normes. À l’inverse, pour Tavares, il est hors de question de toucher aux règles. La guerre c’est la guerre, et tant pis pour les adversaires qui ne sont pas prêts !

Les travailleurs n’ont pas à s’impliquer dans cette guerre. Leur intérêt est, à l’inverse, de s’unir contre les coups que les capitalistes de l’automobile leur réservent, ceux qui pleurent la bouche pleine comme les autres.

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