Barnier à l’hôpital : des promesses... d’économies11/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2928-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Barnier à l’hôpital : des promesses... d’économies

Cela se voulait sans doute un symbole. Le Premier ministre a réservé son premier déplacement officiel à un établissement hospitalier parisien, l’hôpital Necker Enfants malades.

Barnier aurait voulu faire un trait d’humour noir qu’il n’aurait pu mieux choisir le service visité, en optant pour la salle de régulation du Samu. Effectivement, le système de santé est en état d’urgence, et venir à son chevet avant le vote du budget aurait pu être l’occasion d’une annonce au personnel… Mais « on ne va pas faire des miracles », a aussitôt déclaré le chef du gouvernement, douchant les illusions éventuelles, ajoutant qu’« on peut faire des progrès dans l’efficacité de la dépense publique », et qu’« il y a des économies à faire ».

Le ton est donné. Alors qu’il manque 6,3 milliards dans l’enveloppe 2025 des hôpitaux, selon la FHF, qui regroupe les directeurs d’hôpitaux, les travailleurs de la santé devraient être rassurés par une visite sans la moindre annonce concrète ? Pourtant « on a besoin de moyens mais pas que de moyens financiers, on a besoin de moyens humains », comme l’a déclaré une psychiatre à France Info, déplorant une situation dégradée depuis longtemps, en ville comme à l’hôpital. « Les moyens, il n’y en a pas », dénonce à son tour une aide-soignante de l’hôpital de Nemours en Seine-et-Marne. « Quand vous regardez ici déjà avec quoi on travaille… Il n’y a rien. Manque de matériel, manque de personnel, manque de médecins, manque de tout. » Un brancardier surenchérit : « Ça fait trente-trois ans que je travaille ici. Ils ont fermé des services. La première, c’était la maternité. Après, ça a été le bloc opératoire » et « Comme il n’y avait plus de bloc, ils ont fermé la chirurgie et l’orthopédie. »

Le financement de la santé, et de l’hôpital public en particulier, ne doit en rien dépendre d’un quelconque objectif de rentabilité. La T2A, la tarification à l’activité, que rejettent majoritairement les travailleurs des hôpitaux, n’a rien à voir avec la recherche des meilleurs soins pour les malades. Les équipements, les services d’accueil nécessaires, à commencer par les établissements des petites villes, les hôpitaux de proximité, doivent être financés quel qu’en soit le coût.

Prendre sur les 413 milliards de crédits militaires serait une option de bon sens. Quant aux milliards de profits dégagés par l’industrie pharmaceutique, qui dispose en France du cinquième marché mondial, ils devraient être ponctionnés, autant que nécessaire pour embaucher et former les infirmières et médecins, aides-soignantes, agents hospitaliers, personnel technique et ouvrier, secrétaires, etc., en nombre suffisant pour que l’accueil et le suivi des patients soient assurés, pour que des lits voire des services puissent être ouverts, et pour que les salaires permettent de vivre et de se loger.

Barnier a flatté à Necker le professionnalisme et le calme des travailleurs de la régulation du Samu. Il pourrait tôt ou tard les voir s’en départir !

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