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Leur société
Budget : cirque parlementaire et vraies attaques
Rarement le Parlement n’a autant mérité le qualificatif de moulin à paroles que depuis le lancement de la discussion sur le budget.
De l’extrême droite au NFP, les groupes parlementaires déposent des milliers d’amendements et crient victoire quand l’un d’entre eux est adopté contre l’avis du gouvernement. Mais ils savent tous que le gouvernement pourra en définitive faire passer son propre budget à coup de 49-3 et donc sans vote, comme c’était déjà le cas en 2023. La fin de la récréation sera alors sifflée.
Ce n’est donc pas tant au parlement qu’il faut déceler les mesures effectivement en préparation contre le monde du travail, mais dans les projets et déclarations du gouvernement. Celui-ci a déjà annoncé le gel des pensions de retraite pendant six mois, le relèvement de la taxe sur l’électricité, la baisse de cinq milliards dans les budgets des collectivités territoriales, la baisse des remboursements des consultations médicales, la suppression de 4 000 postes dans l’Éducation nationale. Il a ajouté fin octobre l’instauration de trois jours de carence en cas de maladie et la baisse de 10 % des indemnités journalières dans la fonction publique.
Dans une interview aux Echos, le ministre de l’Économie, Antoine Armand, a ajouté de nouvelles menaces pour les travailleurs comme la suppression d’un jour férié, tout en donnant de nouvelles garanties au patronat. Par exemple, le pacte Dutreil, une des niches fiscales préférées des riches, permet aux actionnaires de transmettre leurs capitaux à leurs enfants en quasi-franchise d’impôts, par donation ou succession. Le fisc refuse d’évaluer sérieusement son coût, mais selon le Conseil d’analyse économique, il oscillait déjà entre 1,6 et 2 milliards par an en 2019. Cette somme est en tout cas supérieure au 1,2 milliard que le gouvernement veut récupérer aux dépens des millions de travailleurs de la fonction publique en cas d’arrêt maladie. Mais le ministre a écarté toute remise en cause du pacte Dutreil, tout comme du Crédit impôt recherche, dont bénéficient les grands groupes pour un montant de plus de sept milliards d’argent public par an.
« L’impôt saigne le malheureux. Nul devoir ne s’impose aux riches. Le droit des pauvres est un mot creux. » Ces paroles de L’Internationale s’appliquent parfaitement au budget sauce Barnier.