Budget : pour faire payer les classes populaires11/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2928-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Budget : pour faire payer les classes populaires

Faire adopter par le Parlement le budget de l’État pour l’année 2025 sera le premier acte politique du gouvernement Barnier. Une campagne de propagande est en cours pour justifier des coupes budgétaires et des mesures d’austérité dans tous les ministères.

« Il faut dire la vérité sur la dette financière qui pèse sur nos enfants », a déclaré Barnier dès sa nomination. « Il faut réduire les dépenses publiques » a répété Bruno Le Maire, ministre « démissionnaire », le 9 septembre devant la Commission des finances en invoquant un déficit public de 5,5 % alors que, selon les règles de la zone euro, il ne devrait pas dépasser 3 %.

Les services du ministère de l’Économie n’ont pas attendu la nomination d’un nouveau gouvernement pour prévoir des économies de 10 à 15 milliards d’euros dans un budget de l’État qui se montait l’an dernier à 492 milliards. Barnier et ses ministres ne devraient pas se faire prier pour valider ces coupes. Ils n’auront qu’à signer le projet rédigé par des hauts fonctionnaires bien dressés.

Établir un budget, pour un État comme pour un ménage ouvrier, c’est tenter de faire correspondre la colonne des dépenses avec la colonne des recettes. La différence, et de taille, est que pour le budget de l’État, ceux qui encaissent ne sont pas ceux qui paient. Contrairement à ce qu’on raconte aux enfants des écoles, l’État n’est pas là pour corriger les inégalités sociales ou assurer des services utiles à la population mais pour arroser la bourgeoisie, sous toutes sortes de formes, subventions, marchés publics, constructions d’infrastructures, tout en lui faisant payer le moins d’impôts et de taxes possible.

C’est ce que le Medef, Le Maire et tous les défenseurs des intérêts patronaux appellent « poursuivre la politique de l’offre ». Le résultat, c’est que les hôpitaux, les Ehpad ou les écoles manquent de moyens pendant que, selon le magazine Challenges, les 500 plus grandes fortunes du pays ont doublé leur patrimoine en cinq ans et que les actionnaires reçoivent des dividendes record.

Il en va de même de la dette de l’État qui affole Barnier : elle ne pèse pas sur tous les enfants de la même façon ! Depuis l’arrivée de Macron à l’Élysée, la dette de l’État français est passée de 2 000 à 3 000 milliards d’euros. Mais cette dette ne profite pas aux enfants des quartiers populaires. Elle profite d’abord aux financiers qui reçoivent chaque année 40 à 50 milliards d’euros en intérêts. Elle sert à payer les commandes d’armement ou à financer la transition énergétique, ce qui revient à arroser, d’une autre façon, la grande bourgeoisie et ses héritiers.

Pour continuer cette « politique de l’offre », Barnier va devoir faire adopter ce budget d’austérité à l’Assemblée. La campagne en cours sur la nécessité de respecter « l’orthodoxie budgétaire » et de limiter le déficit public sert à préparer le terrain pour qu’une majorité de députés, au nom de « l’intérêt supérieur du pays », laisse passer ce budget, soit en le votant soit en ne censurant pas le gouvernement.

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