Budget : une tambouille qui prépare les mauvais coups08/01/20252025Journal/medias/journalarticle/images/2025/01/P4-1_budget_2023_02_07_Manif_retraite_19_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C42%2C800%2C491_crop_detail.jpg

Leur société

Budget : une tambouille qui prépare les mauvais coups

Après le renversement par une motion de censure du gouvernement mort-né de Michel Barnier, celui de Bayrou tente d’éviter le même sort. Il est dans l’immédiat confronté au même écueil : l’adoption d’un budget par l’Assemblée. Il s’est même dit au pied de « l’Himalaya budgétaire ».

Illustration - une tambouille qui prépare les mauvais coups

Dans cette période de crise généralisée du capitalisme, le budget des États, comme toute leur politique, ne peut être qu’un gigantesque racket des classes populaires au profit des dividendes et des dépenses fastueuses de la classe bourgeoise. Mais, pour sauver l’apparence de démocratie, un gouvernement a besoin non seulement de ministres, mais aussi de députés et de partis prêts à se discréditer en le soutenant à l’Assemblée nationale, ou du moins en refusant de le censurer. C’est ainsi que la gauche s’est effondrée électoralement après chaque passage au gouvernement. Macron pouvait encore trouver une fragile majorité, mais il l’a lui-même sabordée avant terme par sa dissolution en juin.

Barnier, nommé avec l’aval de Le Pen, avait tenté d’obtenir la non-censure de son budget par le RN, en reprenant les mesures antimigrants les plus crasses. Mais le parti d’extrême droite a finalement jugé qu’il avait plus à perdre électoralement à sauver la mise du gouvernement qu’à le faire tomber.

Bayrou tente donc d’obtenir du côté de la gauche cette non-censure. Son ministre de l’Économie, Éric Lombard, a reçu tour à tour les dirigeants des partis de gauche : « Je pense qu’il y a des convergences possibles avec le Parti socialiste, mais aussi le Parti communiste et les Verts » a-t-il déclaré. Hollande, ex-président et aujourd’hui député PS, s’est empressé de dire à propos de Bayrou : « S’il concède des gestes significatifs à l’égard des oppositions de gauche et en faveur des Français […] il pourra même tenir jusqu’en 2027 ».

En fait, les concessions ne pourraient être que symboliques, afin de permettre aux parlementaires de gauche de justifier leur non-censure d’un gouvernement qui ne portera que des coups aux classes populaires. « L’Himalaya du budget » accouche donc d’une souris politicienne, les uns et les autres jurant que « rien n’est tabou, les lignes sont en train de bouger », etc.

Ainsi, le gouvernement s’est dit favorable à la réouverture du dossier des retraites, mais sans même envisager de suspendre cette réforme vomie par l’électorat populaire. Et comme pour chaque démolition des retraites, il a évoqué comme placebo l’amélioration de certains dispositifs sur les carrières longues ou hachées. De manière tout aussi floue, il s’est dit « favorable à la justice fiscale » et a repris l’instauration d’une contribution fiscale des plus hauts revenus annoncée par Barnier, mais uniquement à partir de l’an prochain. Il ne s’agit pas non plus de supprimer l’optimisation fiscale, qui permet légalement aux plus riches de payer bien moins d’impôts sur leur revenu que le commun des mortels. Il s’agirait en revanche de supprimer la « suroptimisation fiscale », selon Amélie de Montchalin, la nouvelle ministre des Comptes publics.

Cette tambouille parlementaire et budgétaire, si elle voit le jour, sera à coup sûr indigeste pour les classes populaires. Pour « optimiser » leur salaire et leur niveau de vie en chute libre, il ne restera aux travailleurs que le choix de lutter contre ce gouvernement ou son suivant, et ses donneurs d’ordre patronaux.

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