Champagne : travailleurs et exploiteurs n’ont pas d’intérêt commun09/04/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/04/une_2958-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Champagne : travailleurs et exploiteurs n’ont pas d’intérêt commun

La menace de Trump d’augmenter de 200 % les taxes douanières sur le champagne ne s’est finalement pas concrétisée, elles ne seront que de 20 %. Pour autant, le patronat de la filière viticole, et notamment l’Union des Maisons de Champagne (UMC), continue de mettre en avant le manque à gagner et d’éventuelles conséquences sur l’emploi.

Dans cette campagne pour que le champagne ne soit pas fortement taxé, les syndicats du secteur lui ont emboîté le pas. La CGT champagne explique que « la filière champagne, fleuron de l’économie française et symbole de notre terroir, est directement menacée » et en appelle à l’Union européenne pour qu’elle renonce « à la surtaxation du bourbon et du whisky américains, afin d’apaiser les tensions commerciales et de préserver la stabilité économique de notre secteur ». Elle veut également que « les autorités françaises défendent avec force les intérêts de la filière viticole. »

La CFDT de Moët et Chandon du groupe LVMH s’en remet à Bernard Arnault, invité par Trump lors de son intronisation : « On se rassure en se disant que nos patrons vont faire le déplacement aux États-Unis et plaider en faveur de la Champagne. »

Ces prises de position interviennent en pleine période de négociation salariale au moment où les syndicats réclament 3,8 % d’augmentation. Devant leur refus de signer l’accord avec une hausse de 1,5 %, l’UMC est revenue au 1,1 % proposé initialement, rappelant ainsi qui sont les maîtres.

Depuis des mois le patronat de ces grandes maisons pleure misère et met en avant une baisse des ventes. Il se garde bien de dire que les prix ayant augmenté de 25 % depuis 2019, les affaires marchent très bien. Après des années 2022 et 2023 exceptionnelles, le chiffre d’affaires estimé pour 2024 est revenu à ses niveaux de 2019 et 2021, qui ont été de très bons crus. Et de fait, au cours de toutes ces années, des profits record ont été enregistrés.

Enfin, nul doute que les groupes comme LVMH ou Pernod Ricard qui ont investi depuis des dizaines d’années dans la Napa Valley en Californie, en y introduisant les méthodes champenoises avec œnologues et chefs de cave pour y produire du vin pétillant, sauront continuer à faire couler à flots les profits même si sur l’étiquette n’est pas marqué champagne.

Les travailleurs du champagne, eux, devront défendre leur emploi et leur salaire face aux capitalistes du secteur et non en s’alignant derrière eux.

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