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Leur société
Cliniques privées : grève patronale annoncée
Après l’annonce du gouvernement d’augmenter les prix payés par la Sécurité sociale de 0,3 % en moyenne dans les cliniques privées à but lucratif contre 4,3 % dans les hôpitaux publics, la Fédération hospitalière privée (FHP), porte-parole des groupes privés de la santé, a lancé un appel à une grève à partir du 3 juin dans les 1 000 établissements concernés.
La FHP affirme que ces augmentations limitées vont mettre en péril plus de la moitié des établissements. Elle soutient que le secteur privé permet l’accès aux soins de toute une partie de la population, y compris des usagers aux minima sociaux. Si les cliniques privées représentent aujourd’hui 35 % de l’activité hospitalière du pays et jouent parfois le rôle d’hôpital de proximité, c’est parce que les gouvernements successifs, en même temps qu’ils plaçaient l’ensemble des hôpitaux sous la coupe de la finance, ont organisé la fermeture d’hôpitaux publics.
Ces cliniques privées assurent en effet une multitude de soins ou de services d’imagerie médicale, activités souvent les plus lucratives et impliquant un temps d’hospitalisation réduit. Mais elles ont laissé aux hôpitaux publics le traitement des pathologies les plus lourdes et les séjours les plus longs. D’ailleurs, si les hausses moyennes des tarifs sont différentes entre les deux secteurs, ce n’est pas parce que le gouvernement veut favoriser les hôpitaux publics. C’est parce que, sur fond d’économies générales, il n’a revalorisé, de façon insuffisante et en restant en dessous de l’inflation, que les activités les plus lourdes : greffes, soins palliatifs ou hospitalisations complètes.
S’il existe des cliniques indépendantes, le secteur privé que défend avant tout la FHP est aux mains des groupes capitalistes comme Ramsay Santé, Elsan ou encore Vivalto, qui détiennent 300 cliniques en France et emploient 50 000 salariés. Ces mastodontes réalisent plusieurs centaines de millions d’euros de profits par an et rachètent des cliniques dans toute l’Europe. Ils bénéficient de 18 % des financements publics et profitent des subventions exceptionnelles comme l’enveloppe de 500 millions d’euros versée aux hôpitaux en début d’année pour soulager leur trésorerie. Pour ces groupes, si « la santé n’a pas de prix », elle est source de profit.
Avec beaucoup de cynisme, les patrons de ces groupes invoquent les intérêts de la population et même ceux de leurs salariés pour réclamer des hausses de tarification. Pourtant, si les travailleurs des cliniques vont se voir imposer des jours de congés pendant la « grève patronale » annoncée pour juin, ils ne verront la couleur des revalorisations de tarifs, ni dans leurs salaires, ni dans leurs conditions de travail. D’ailleurs, les nouvelles tarifications sont le prétexte déjà trouvé pour Ramsay et compagnie pour ne pas augmenter les salaires.