CMA-CGM : une niche fiscale et ses chiens de garde11/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2928-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

CMA-CGM : une niche fiscale et ses chiens de garde

Au moment où le Premier ministre parle de milliards d’économies à faire dans le prochain budget, la niche fiscale dont bénéficient les armateurs est à nouveau sur la sellette.

Cette honorable profession est en effet imposée, non pas sur ses bénéfices, mais sur le tonnage de ses navires. Non seulement cette niche fiscale a représenté neuf milliards d’euros de manque à gagner pour les caisses publiques sur les deux dernières années, mais elle profite en quasi-totalité à la seule CMA-CGM, principal armateur français et troisième mondial pour le transport de conteneurs. Cette société a fait 23 milliards d’euros de profits en 2022, grâce à une entente sur les prix avec ses deux compères du transport maritime, Maersk et MSC. Cela lui a permis de s’offrir des ports entiers, des bateaux neufs, des journaux, des parts dans Air France, des entreprises de logistique et, en prime, BFMTV.

CMA-CGM, détenue par la famille Saadé, désormais cinquième fortune française, vit depuis ses débuts en étroite symbiose avec l’État. Créée sous l’égide de Chirac et avec de larges subventions publiques, elle fut renflouée par les mêmes caisses en 2009 sous Sarkozy, puis couvée par Hollande et son ministre Le Drian et est actuellement maternée par Macron, qui ne manque jamais une occasion d’encenser Rodolphe Saadé.

Il faut dire que ce dernier sait renvoyer l’ascenseur et embauche régulièrement des ex-ministres et d’anciens directeurs d’administration. Ainsi Dominique Bussereau, le secrétaire d’État à la Mer qui fit adopter la fameuse niche fiscale en 2004, touche depuis 2012 quelques dizaines de milliers d’euros de jetons de présence tous les ans, en tant que membre du conseil d’administration de la CMA- CGM.

Interrogé, en 2022 puis en 2024, par une commission parlementaire sur ses fabuleux bénéfices et la façon de les obtenir, Saadé a répondu en substance que tout le monde, et particulièrement ses concurrents, fait comme lui. C’est tellement vrai que cette argumentation a suffi à convaincre les honorables sénateurs de la commission.

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