Congo Brazzaville : grève dans le secteur public23/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2934-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Congo Brazzaville : grève dans le secteur public

Dans ce pilier de la Françafrique qu’est le Congo-Brazzaville, où le président Sassou-Nguesso règne sans partage depuis près de quarante ans, la colère gronde après des mois de salaires impayés.

Des travailleurs de plusieurs services publics se sont mis en grève ces dernières semaines. C’est le cas de ceux de l’université dont la grève dure depuis début octobre, et de ceux de la STPU, compagnie de bus urbains de Brazzaville et Pointe-Noire. Les éboueurs ont, quant à eux, arrêté le travail pendant près d’un mois. Comme le faisait remarquer un gréviste de la STPU, sans salaire depuis janvier dernier : « Où va l’argent que nous rapportons ? »

Ces salaires non-payés rendent la vie impossible aux premiers concernés, mais également à tous ceux qui en dépendent. Les vendeurs des marchés de Brazzaville ne font pas d’affaires, malgré la rentrée scolaire qui devait avoir lieu début octobre, car les parents ne peuvent pas payer les fournitures. Il en est de même pour les millions de travailleurs précaires, vendeurs de rue ou chauffeurs de taxi, dont la survie quotidienne dépend de ces clients.

Les impayés entretiennent aussi la corruption, car faute de salaire, certains employés décident de se payer sur le dos des usagers. Ainsi des professeurs demandent des enveloppes pour valider des résultats scolaires ou des agents de mairie demandent jusqu’à 5000 francs CFA (deux jours et demi de salaire minimum) pour un extrait de naissance, officiellement gratuit.

Alors que la situation continue de se dégrader, la colère se porte surtout sur la famille du président Sassou-Nguesso ainsi que sur les ministres et leur entourage. Il faut dire que ceux- ci prennent prétexte de la dette de l’État pour expliquer à la population qu’il faut « se serrer la ceinture ». Mais eux mènent grand train et pillent les caisses publiques. En 2021, la fille du président a ainsi été accusée d’avoir touché des millions d’euros de dividendes grâce à un montage opaque avec des compagnies pétrolières européennes.

Derrière ces dirigeants corrompus, il y a les trusts du pétrole, TotalEnergies en tête, qui pillent depuis des décennies les ressources du pays et laissent quelques millions au clan Sassou-Nguesso sur les milliards gagnés. Les responsables de la pauvreté à Brazzaville sont bien à chercher de ce côté-là.

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