Côte d’Ivoire : troupes françaises, dehors !08/01/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/01/une_2945-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1264%2C1640_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte d’Ivoire : troupes françaises, dehors !

Le 31 décembre, le président Alassane Ouattara a annoncé la rétrocession à la Côte d’Ivoire de la base militaire française de Port-Bouët à Abidjan.

Alors que les soldats français ont été chassés du Sahel, que le Tchad et le Sénégal ont annoncé la fermeture des bases françaises en novembre, l’annonce pouvait apparaître comme un nouveau revers pour l’impérialisme français.

Le terme de « rétrocession » est en fait usurpé car, depuis l’indépendance en 1960, l’armée française a toujours été présente en Côte d’Ivoire, fleuron de son pré carré en Afrique de l’Ouest. En mars 2011, Ouattara avait d’ailleurs bénéficié de l’engagement décisif de soldats français pour s’imposer à la présidence contre son rival Laurent Gbagbo. Dans la guerre civile qui déchirait le pays depuis 2002, l’armée française n’a jamais cessé d’être partie prenante et a prolongé la tradition coloniale, notamment en ouvrant le feu sur des manifestants à Abidjan, en novembre 2004, tuant au minimum 90 personnes, une vingtaine selon le gouvernement français.

Autant dire qu’en Côte d’Ivoire, comme dans les pays d’Afrique où l’armée française s’arrogeait le droit d’une présence permanente, une grande partie de la population ne porte pas les soldats français dans son cœur. C’est pourquoi, alors qu’une élection présidentielle est prévue en Côte d’Ivoire en octobre 2025, Ouattara, qui n’est pas candidat pour l’instant, a voulu donner un maximum de publicité à la fin de la base française de Port-Bouët.

Pour autant le président ivoirien ne met pas l’armée française à la porte. En effet, Macron annonçait depuis deux ans environ une réorganisation du dispositif militaire français en Afrique. Tout en réduisant la voilure, il insistait sur le maintien de soldats français chargés de former et d’encadrer, comme ils le font déjà, des troupes locales. En janvier 2024, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, avait justifié cette évolution devant des parlementaires : « Nous avons des bases au Sénégal, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Elles sont installées dans les capitales, et même parfois enclavées dans des aires urbaines en expansion. Leur empreinte et leur visibilité sont devenues difficiles à gérer. Nous devrons sans doute modifier notre schéma d’implantation pour réduire nos vulnérabilités », avait-il déclaré. En langage de galonné : allèger les effectifs pour se faire plus discret mais rester dans la place.

Ce retrait en trompe-l’œil des troupes françaises de Côte d’Ivoire est aussi utile à Ouattara pour soigner son image qu’à l’Élysée, pour que l’impérialisme français conserve malgré tout un point d’ancrage en Afrique de l’Ouest. Alors, en Côte d’Ivoire, comme à Djibouti ou au Gabon, troupes françaises, hors d’Afrique !

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