Débarquement en Provence : mensonges officiels et mépris colonial21/08/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/08/une_2925-c.jpg.445x577_q85_box-3%2C0%2C1268%2C1641_crop_detail.jpg

Leur société

Débarquement en Provence : mensonges officiels et mépris colonial

Jeudi 15 août, avait lieu la commémoration des 80 ans du débarquement en Provence. Pour l’occasion, Emmanuel Macron avait invité de nombreux chefs d’États africains.

Étaient présents Paul Biya, le président du Cameroun, celui des Comores, Azali Assoumani, le Togolais Faure Gnassingbé, Faustin- Archange Touadéra, dirigeant de la République centrafricaine, et le général Brice Oligui Nguema, à la tête du Gabon. D’autres pays africains ont été représentés par des ministres.

Comme chaque année, ces dirigeants sont invités pour commémorer la mort lors de ce débarquement d’un millier de soldats issus de ce qui était alors l’Empire colonial français. Ces cérémonies officielles n’ont pas évoqué toute l’histoire de ce débarquement, ni celle qui a suivi, car cela aurait mis en cause l’impérialisme français et la façon dont il a opprimé, et opprime encore, une grande partie de l’Afrique.

Le 15 août 1944, pour ouvrir un nouveau front et soulager les armées engagées en Normandie, les troupes alliées débarquèrent en Provence, près du cap Nègre : 450 000 soldats, pour moitié anglo-américains et pour moitié français. Mais parmi ces derniers, près de 100 000 soldats étaient en fait des Maghrébins ou des Africains venus des colonies françaises. Ils avaient été souvent recrutés de force, désignés volontaires malgré eux. Beaucoup d’entre eux l’ont payé de leur vie parce qu’ils furent souvent placés en première ligne.

Tout cela n’a pas été évoqué lors de ces commémorations. Pas plus que le « blanchiment » de l’histoire officielle qui a suivi. En effet, une fois le débarquement effectué et les premières victoires proclamées, ces troupes africaines et maghrébines ont été renvoyées à l’arrière et cantonnées à des tâches techniques. La libération de Paris, ainsi que celles des principales villes devaient être effectuées par des troupes blanches.

L’armée allemande vaincue, une partie de ces troupes ont été remerciées et renvoyées dans leurs pays respectifs avec une solde diminuée d’autorité par le gouvernement français. C’est cette véritable injustice qui va déclencher le massacre de Thiaroye : des tirailleurs sénégalais rentrés au pays avaient exigé le paiement de leur solde. Leur mouvement de protestation a été réprimé dans le sang par les militaires français.

Ceux qui n’ont pas été renvoyés au pays se sont retrouvés en Indochine à participer à la première sale guerre coloniale d’après-guerre, qui a précédé celle d’Algérie.

Les gouvernements français successifs se sont ingéniés à faire payer à ces troupes l’indépendance de leur pays. Ainsi, pendant des années, les pensions ou retraites de ces soldats ont été systématiquement inférieures à celles des soldats nés en France parce qu’elles ont été gelées au moment de l’indépendance. Autour de l’année 2000, un vétéran français touchait donc quatre fois plus qu’un vétéran guinéen et sept fois plus qu’un vétéran tunisien !

Partager