Derrière le cirque politicien et le prétendu dialogue social, la lutte des classes18/09/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/09/P2_Valeo_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C222%2C2362%2C1551_crop_detail.jpg

Editorial

Derrière le cirque politicien et le prétendu dialogue social, la lutte des classes

Illustration - Derrière le cirque politicien et le prétendu dialogue social, la lutte des classes

La fête de l’Humanité, qui s’est tenue le week-end des 14 et 15 septembre, a rassemblé les dirigeants du Nouveau Front populaire. Il n’y a été question que de leur déception d’avoir été trompés par Macron, et de leur stratégie électorale pour assurer la future victoire de l’union de la gauche. Si tant est qu’elle reste unie.

Les fermetures d’usines, les licenciements et la guerre sociale, féroce, menée par le grand patronat contre les travailleurs, sont passés tout à fait au second plan. Y compris lors du débat qui a été organisé entre la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet et le patron du Medef Patrick Martin.

Il a suffi que celui-ci dise qu’il était « pour l’augmentation des salaires » et que « le modèle social de répartition a donné de beaux résultats » pour que le journal du Parti communiste, l’Humanité, écrive : « Contre toute attente, Patrick Martin n’a cessé de donner des gages aux grandes idées de la centrale syndicale. »

Mais quels gages ? Le porte- parole des plus grands patrons se dit pour une hausse des salaires, mais il veut la faire payer par des baisses de cotisations. C’est-à- dire par les travailleurs eux-mêmes, puisqu’ils verraient alors leurs indemnités et leurs droits réduits quand ils sont malades, mis au chômage ou quand ils partent à la retraite. Et s’il vante le « modèle social de répartition », c’est pour expliquer que les travailleurs devront faire de nouveaux sacrifices s’ils veulent le préserver !

Contrairement à ce qu’affirme l’Humanité, le grand patronat n’est pas dans la concession. Il est à l’offensive et s’en prend brutalement aux emplois et aux conditions de travail pour assurer ses dividendes et amasser des fortunes exorbitantes.

L’équipementier Valeo, riche à milliards, a décidé de se séparer de trois sites, ce qui va mettre 1 000 salariés sur le carreau. Après être passés entre les mains de multiples margoulins et avoir enrichi des générations d’actionnaires, 450 salariés de Vencorex vont se retrouver sans travail, cette entreprise de chimie grenobloise se déclarant en cessation de paiement. C’est la même histoire pour les 5 000 salariés de l’entreprise Milee, spécialisée dans la diffusion de prospectus.

Tous ces licencieurs sont-ils prêts à des concessions ? Bien sûr que non ! Quant au prétendu « modèle social de répartition », parlons-en ! Quand Bernard Arnault, le patron de LVMH, gagne le smic toutes les 15 secondes, les couturières qui fabriquent en sous-traitance des sacs de luxe Louis Vuitton gagnent 1 500 ou 1 600 euros par mois. Pour que les actionnaires de Stellantis encaissent 18 millions d’euros par jour, les ouvriers doivent se lever à 4 heures du matin et aller s’esquinter sur les chaînes de production pour des salaires de 1 500 à 1 800 euros.

Derrière les mots, « répartition », « modèle social », il y a la lutte des classes. Une lutte des classes de plus en plus dure contre les travailleurs. Elle passe par des cadences et une intensification de la charge de travail de plus en plus folles. Mais elle se fait aussi par le pillage des caisses de l’État par ces mêmes grands patrons, qui encaissent les milliards de subventions dont les hôpitaux et l’Éducation auraient besoin.

Le résultat de cette lutte des classes n’est pas la « répartition » des richesses mais leur concentration entre les mains d’une minorité d’ultra-riches. En France, en 2017, les 500 plus grandes fortunes possédaient l’équivalent de 20 % du PIB, c’est-à-dire 20 % des richesses produites en un an. Aujourd’hui, c’est 45 % !

Ces multi-milliardaires ont donc de quoi disposer de palaces, de yachts et autres joujoux de luxe. Mais leurs capitaux leur donnent surtout le pouvoir de dominer toute l’économie, les banques, les assurances, les grandes entreprises de l’industrie et du commerce. Ce sont eux qui imposent la loi du profit et une mise en concurrence mortifère aux travailleurs et à toute la société.

Et ce sont eux qui dictent la politique des gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche. Alors, il n’y a pas besoin de connaître les noms des prochains ministres de Michel Barnier pour savoir que de nouveaux coups vont nous tomber dessus.

Laisser entendre, comme le font les dirigeants du NFP ou de la CGT, que le Medef et les politiciens qui le servent pourraient mener une autre politique que cette guerre sociale acharnée, est une tromperie. Il n’y a pas d’intérêts communs aux travailleurs et aux capitalistes. Ce sont leurs profits ou nos emplois et nos salaires !

Le grand patronat impose la loi des plus riches et des plus puissants. Il le fera jusqu’à ce qu’il soit confronté à une levée en masse des travailleurs qui lui fasse craindre pour ses capitaux et son pouvoir sur les entreprises.

Nathalie Arthaud

Bulletins d’entreprise du 16 septembre 2024

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