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Dans les entreprises
Dumarey – Strasbourg : douze jours de grève ont fait reculer l’actionnaire
La publication de la liste des 248 travailleurs licenciés, sur les 584 que compte encore cette usine de montage de boîtes de vitesses pour l’équipementier ZF, puis celle des propositions minables d’indemnités par la direction ont provoqué la colère des travailleurs de Dumarey à Strasbourg
Vendredi 8 novembre, ils se sont mis en grève, installant des piquets devant toutes les entrées de l’usine. Mardi 12 novembre, 90 % des ouvriers étaient en grève. L’actionnaire, Dumarey, est passé avec toute son arrogance au volant de son éternelle Porsche en sommant les grévistes de dégager les portes.
À l’assemblée générale du matin, les syndicats CGT et CFDT ont proposé que soit mise en avant une indemnité supralégale de 70 000 euros. Ajoutée aux indemnités légales, elle permettrait d’arriver aux 100 000 euros par personne qui étaient dans les têtes. L’intersyndicale qui a dirigé la grève de bout en bout a été élargie en y associant cinq travailleurs.
Les grévistes ont pris des initiatives pour bloquer l’expédition des pièces fabriquées par quelques non-grévistes, et les mettre de côté. Ils ont bénéficié de la solidarité et du soutien d’autres travailleurs au travers des collectes organisées devant l’usine.
Jeudi 14, un rassemblement de soutien, appelé par l’intersyndicale relayé par l’UD-CGT, a regroupé des syndicalistes et travailleurs d’autres entreprises comme Clestra, des cheminots CGT, un retraité de Stellantis, ainsi que des militants d’organisations politiques.
Vendredi 15 novembre, la direction faisait une contre-proposition avec des indemnités, en fonction de l’ancienneté, allant de 2 500 euros pour ceux qui ont moins de 9 ans d’ancienneté à 25 000 euros pour ceux de plus de 35 ans. Cela n’a fait qu’exacerber la colère des grévistes pour qui cela ne faisait pas du tout le compte. Tout le week-end, des roulements ont été organisés pour maintenir le blocage de l’usine.
Lundi 18, la grève a continué et, en milieu de matinée, un militant de la CGT a appelé Dumarey, le téléphone branché sur la sono devant l’assemblée des grévistes, pour exiger qu’il vienne à Strasbourg dans la journée. Après la réunion qui a suivi entre Dumarey, la direction du site et les représentants syndicaux, les travailleurs ont accepté les augmentations de la prime supralégale, ainsi qu’une prime de reprise de 1 500 euros qui couvre en partie les jours de grève.
L’indemnité supralégale passe ainsi de 2 500 à 20 650 euros pour ceux qui ont le moins d’ancienneté, et de 25 000 à 50 650 euros pour les plus anciens. Pour la tranche la plus nombreuse, elle passe de 17 000 à 44 650 euros. Cela reste donc loin de la revendication initiale des 70 000 euros et d’un montant égal pour tous de la prime.
Mardi 19 novembre au matin, les deux syndicats ont appelé à la reprise du travail, sur la base du protocole d’accord qu’ils avaient déjà signé la veille. Elle a été votée, même si 30 % des présents se sont prononcés contre. Des grévistes, les plus déterminés, sont déçus, même s’ils ont bien conscience que c’est la grève qui a imposé ce recul au patron. Ils ont résisté aux pressions, aux chantages au dépôt de bilan, et leur mobilisation a montré qu’on pouvait le faire céder en partie. C’est un encouragement pour tous ceux qui se battent contre la fermeture de leur usine, comme ceux de l’entreprise Novares toute proche, à qui Stellantis vient de retirer ses commandes.