Duralex – Loiret : un élan de solidarité instrumentalisé12/11/20252025Journal/medias/journalnumero/images/2025/11/une_2989-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Duralex – Loiret : un élan de solidarité instrumentalisé

En à peine quarante-huit heures, 20 millions d’euros ont été recueillis lors de la levée de fonds participative lancée par les salariés de la verrerie Duralex à La Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Loiret, qui ont repris l’entreprise en juillet 2024.

Parmi les 20 000 personnes qui ont répondu à l’appel, certaines ont été attirées par les 18 % de défiscalisation et la promesse d’un taux d’intérêt de 8 %, mais la plupart ont fait ce geste en soutien à des travailleurs menacés de perdre leur emploi. Cet élan de solidarité, qui a dû encourager les 228 travailleurs de Duralex, a été instrumentalisé par les politiciens de tout bord, qui en ont fait un élan de patriotisme économique, attribuant le succès de la levée de fonds à la volonté de soutenir une « marque iconique française » à laquelle chaque citoyen serait attaché. Duralex a d’ailleurs été la star du salon du « Made in France » tenu à Paris du 6 au 9 novembre.

Dans un contexte de crise et de guerre commerciale où la concurrence étrangère et en particulier chinoise est désignée comme responsable de tous les maux, la défense du « made in France » est relayée par l’ensemble des partis et des syndicats et trouve aussi un écho parmi les classes populaires. Depuis plus de vingt ans, les travailleurs de Duralex ont vu des patrons se succéder, qui tous, quelle que soit leur nationalité, ont essayé d’en tirer le maximum de profit, en les exploitant et en usant un matériel vieillissant jusqu’à la corde.

« On n’a pas l’eau courante ! On va prendre dans la nappe phréatique, on n’est pas branchés au réseau. On n’a pas de fosse septique », voilà comment le directeur de la scop décrit l’usine. Le dernier patron en date, le groupe La Maison française du verre, français comme son nom l’indique, n’a pas plus modernisé. Par contre, il a empoché 15 millions d’euros d’aides de l’État pour faire face à la crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine. Et lorsque l’État lui a réclamé 1,2 million de taxes, il a fait ouvrir une procédure de redressement judiciaire, se lavant les mains du sort des travailleurs.

À ses débuts, la scop a bénéficié d’une avance d’un million de la région et de l’aide financière de la métropole orléanaise, qui a racheté l’usine et le foncier évalué à six millions d’euros. L’État, si généreux avec les grandes entreprises privées, s’est montré pingre avec un prêt de 0,75 million d’euros.

Aujourd’hui, malgré le succès de la levée de fonds, l’avenir des travailleurs de Duralex reste incertain. Ils doivent moderniser l’entreprise, qui reste soumise à la concurrence capitaliste et aux exigences des banquiers. Scop ou pas, et contrairement à ce qu’affirment les défenseurs du patriotisme économique, les intérêts des travailleurs et des capitalistes sont irréconciliables.

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