Égypte : travailleurs du textile en grève11/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2928-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Égypte : travailleurs du textile en grève

Depuis le 18 août, les travailleurs de la Samanoud Workers’Company, une usine textile située dans le delta du Nil, sont en grève pour obtenir l’application du salaire minimum de 6 000 livres égyptiennes, que le président Sissi avait dû concéder en mars dernier.

C’est sous la pression de la grève des 3 700 ouvrières de la filature de Ghazl al-Mahalla, qui menaçait de s’étendre, que cet engagement avait été obtenu. Mais prétextant les difficultés financières, le nouveau patron, qui a repris l’entreprise Samanoud en mai, est resté sourd aux demandes des six cents ouvriers, dont la moitié sont des femmes. Le 18 août, face à l’intransigeance du patron, les travailleurs ont donc décidé de se mettre en grève,

Interviewée par le média Zawya III, une ouvrière témoignait des raisons de sa colère. Embauchée depuis 22 ans dans l’entreprise, elle gagne 3 500 livres égyptiennes (65 euros), sur lesquels elle ponctionne onze euros pour le transport. Veuve, sans aucune pension, elle élève seule ses trois enfants, mais ne mange pas au restaurant de l’entreprise de peur de dépenser trop. Elle souffre d’allergies dues à la poussière de l’usine et ne comprend pas qu’on dise que l’usine perd de l’argent alors qu’elle travaille sur plusieurs machines.

Si les travailleurs, excédés par leurs salaires de misère, se sont sentis dans leur bon droit, le patron, lui, s’est senti au-dessus des lois. Il a utilisé tous les moyens pour arrêter la grève, la violence, le harcèlement, y compris en faisant intervenir la police, qui le 25 août a arrêté neuf travailleurs dont quatre femmes. Dans le même temps, la députée du parti Wafd, Leila Abu Ismail, envoyée par les autorités pour briser la grève, les a menacés : « Personne ne peut tordre le bras de l’État », « Si la grève n’est pas brisée, nous arrêterons d’autres personnes. »

Le 31 août, les grévistes décidaient d’occuper l’usine pour protester contre ces arrestations. Ils se sont relayés pour venir au secours des familles des détenus. Malgré les menaces, le 9 septembre, ils poursuivaient la grève. Sous leur pression, huit travailleurs étaient relâchés, tous licenciés par la direction, le travailleur connu comme le leader était toujours emprisonné.

Le patronat égyptien, encouragé par le pouvoir, ne s’est pas senti tenu d’appliquer le décret présidentiel sur le salaire minimum. Officiellement, 3 300 entreprises ont demandé des dérogations pour ne pas l’appliquer, la loi n’est qu’un chiffon de papier dont les patrons ne s’embarrassent pas.

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