Enfance en danger : l’impuissance voulue de l’État15/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2911-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Enfance en danger : l’impuissance voulue de l’État

Une commission parlementaire d’enquête sur les manquements des politiques de protection de l’enfance a commencé ses travaux mardi 14 mai.

Cette commission a été lancée après une série d’événements tragiques mettant au jour, une nouvelle fois, le sort des enfants maltraités. Coup sur coup, une fillette de 11 ans placée en foyer puis une jeune fille de 15 ans hébergée en hôtel se sont suicidées, révélant l’abandon de fait dont peuvent être victimes des enfants confiés aux services sociaux. Le syndicat de la magistrature a, début mai, dénoncé le manque criant de moyens des juges pour enfants. Ils sont 522 pour suivre plus de 250 000 affaires et n’ont, disent-ils, parfois même pas le temps d’entendre les enfants. Les travailleurs sociaux sont eux aussi en nombre tellement insuffisant qu’il peut s’écouler six mois ou plus entre la décision du juge et un début d’application par les services sociaux. Par exemple 3 325 décisions de placement resteraient non exécutées faute de famille d’accueil ou de place en institution. Cela implique évidemment que la situation ayant conduit devant le juge perdure, aussi invivable soit-elle.

Dans une société d’exploitation, où dominent les rapports de force et l’ignorance, le malheur retombe sur les plus faibles. Et qui est plus faible qu’un enfant ? Ainsi, chaque année, 160 000 enfants sont victimes d’agressions sexuelles, le plus souvent dans le cercle familial, des dizaines de milliers d’autres sont battus et 60 décèdent de mort violente tandis que 250 000 sont suivis par les services sociaux et 162 000 sont confiés à des tiers.

Ces chiffres comme les récits des juges, des travailleurs sociaux, des familles et des enfants eux-mêmes témoignent de l’inhumanité de la société et du peu d’intérêt que l’État porte à cette question. Le fait qu’il en laisse le soin aux départements tout en réduisant constamment leurs budgets en est une preuve, les drames que certaines interventions administratives peuvent provoquer en est une autre. La France est pourtant un pays riche qui garde des services sociaux, même en décrépitude, des travailleurs pour les faire fonctionner, des familles volontaires et pouvant accueillir des enfants, des associations pour s’en préoccuper. Mais, l’État de la classe dominante, surtout en période de crise, n’a pas pour vocation de prendre soin des enfants des classes opprimées.

L’humanité a connu des organisations sociales qui se préoccupaient tout naturellement des enfants, de leur éducation et de leur épanouissement dans le cadre de la collectivité, bien autrement que cette société capitaliste décadente. Elle en connaîtra encore dans l’avenir. En attendant, les députés pourront se désoler des « manquements » de la protection de l’enfance. Mais sur quel budget proposeront-ils de prendre pour les pallier ? Sur celui des armées, sur les aides aux entreprises multimilliardaires, sur les remises d’impôts aux grandes fortunes ? Poser la question c’est y répondre.

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