Espagne : contre le tourisme de masse et la pauvreté28/08/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/08/une_2926-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne : contre le tourisme de masse et la pauvreté

Le 21 juillet, à Majorque, dans les Baléares, une manifestation a rassemblé environ 20 000 personnes contre le « tourisme de masse ». Il s’agit de l’une des nombreuses manifestations de ces derniers mois à Barcelone, Malaga, au Pays basque ou dans les îles Canaries... mais qui existent depuis des années dans le pays.

Elles sont coordonnées par des organisations de quartier qui peuvent regrouper habitants, groupes écologistes et associations féministes.

Les organisations demandent la régulation du tourisme de masse qui, à Majorque par exemple, a atteint un ratio de 14 touristes par habitant. De plus en plus de travailleurs déclarent qu’ils n’ont pas les moyens de vivre en ville et doivent choisir entre dormir dans des caravanes, des tentes, des cabanes ou quitter l’île. Il existe des terrains vagues remplis de travailleurs vivant dans des camionnettes et des cabanes. À Ibiza, des lits sont loués dans des chambres partagées pour 550 euros par mois.

Certains membres des organisations de quartier s’indignent du fait que des records de tourisme sont battus chaque année, mais que la richesse générée ne va pas à la population, qui au contraire s’appauvrit de plus en plus. En Espagne, le prix moyen d’un logement atteint 1 000 euros, même dans les quartiers populaires, alors que le salaire minimum est de 1 130 euros.

Récemment, des centaines de travailleurs vivant sur un terrain vague à Ibiza ont été expulsés. Ils s’indignent : « Nous voulons une maison, nous sommes les travailleurs qui ont construit Ibiza, où sont les politiciens ? »

Ces politiciens, ils sont au gouvernement. Et quel que soit le parti au pouvoir, ils envoient la police expulser les pauvres. En réalité, ils vont de pair avec les responsables de la misère et ces derniers ont un nom. Ce sont CaixaBank ou Blackstone, qui possèdent des appartements dans tout le pays. Ce sont aussi les hôteliers qui, comme l’expliquaient les « Kellys », les femmes de chambre des grands hôtels en lutte, gagnent de l’argent sur leur travail et au prix de leur santé.

Ce sont bien ces gros capitalistes les responsables de la situation et non pas les touristes. Attendre des gouvernements qu’ils s’en prennent à leurs profits par une potentielle loi de régulation ne peut être que vain. En revanche les manifestations, pour peu qu’elles identifient bien leurs ennemis, pourront trouver les revendications à même d’unir habitants et travailleurs et se donner alors les moyens de changer la donne par la lutte.

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