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Dans le monde
États-Unis – Canada : la guerre commerciale et ses conséquences pour la classe ouvrière
La guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada commence à avoir des conséquences concrètes pour les travailleurs des deux pays. Stellantis a mis au chômage technique les 4 500 salariés de son usine d’assemblage de Windsor, au Canada, à quelques kilomètres de la ville américaine de Detroit.
La même firme a mis à l’arrêt sa production à Toluca, au Mexique, pour un mois, et elle licencie 900 travailleurs aux États-Unis. Les travailleurs de l’usine Ford de Windsor s’attendent également à ce que leur usine soit mise à l’arrêt.
Depuis trente ans, le Canada participait à une zone de libre- échange avec les États-Unis et le Mexique, et un accord commercial sur l’automobile avec les États-Unis était en vigueur depuis 1965. Ce secteur est donc très intégré entre les deux pays, les pièces et les véhicules franchissant la frontière plusieurs fois. Par exemple, certains Ford F-150 sont équipés de moteurs construits au Canada, avec des pièces fabriquées au Mexique, pour des véhicules ensuite assemblés dans le Michigan ou le Missouri. Or, des droits de douane de 25 % sur les véhicules, sur l’acier et sur l’aluminium importés sont entrés en vigueur aux États-Unis. Le Canada y vend 1,6 million de véhicules, soit 93 % de sa production, et il en importe 2 millions. Au Canada, l’automobile emploie directement 125 000 salariés et indirectement 500 000 autres. Et le pays s’attend à des droits supplémentaires sur les médicaments, le bois et les semi-conducteurs.
Le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney, a annoncé une riposte avec des droits de douane équivalents. Face à cette guerre commerciale et aux revendications annexionnistes de Trump, le pays connaît une poussée nationaliste antiaméricaine. Les deux pays partagent la plus longue frontière au monde, sur près de 9 000 kilomètres, une frontière traversée tous les jours par quelque 400 000 personnes et des dizaines de milliers de camions. Mais un boycott canadien des marchandises et des voyages aux États-Unis a été lancé et, lors des événements sportifs, l’hymne américain est sifflé. L’effet drapeau joue à plein et Carney, ancien banquier de Goldman Sachs, ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, bénéfice d’un soutien accru dans l’opinion. Le Parti libéral qu’il dirige était largement donné perdant aux élections fédérales du 28 avril prochain, mais il est maintenant favori après une remontée spectaculaire.
Les syndicats participent, à leur manière, à cette flambée nationaliste. Aux États-Unis, le syndicat de l’automobile UAW, dirigé depuis deux ans par l’équipe supposée combative du secrétaire Shawn Fain, approuve les droits de douane de Trump sur les véhicules et les pièces étrangères. Quant au syndicat canadien de l’automobile, historiquement issu de l’UAW, il s’oppose aux droits de douane américains et soutient les mesures de représailles de son Premier ministre.
Au nom de la « défense de l’emploi », les travailleurs des deux pays sont appelés par leurs organisations à se solidariser de leurs ennemis de classe et de leurs gouvernements respectifs. Au contraire, il leur faudra trouver la voie d’une lutte commune ignorant les frontières pour préserver leurs emplois et leurs salaires.