États-Unis : changement d’attelage en pleine campagne24/07/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/07/une_2921-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C3%2C1281%2C1663_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : changement d’attelage en pleine campagne

Joe Biden a jeté l’éponge. Depuis que son débat en direct à la télévision a mis en lumière des difficultés, pour le moins à s’exprimer, que bien des Américains avaient déjà bien perçues, la campagne du président en exercice pour se faire réélire était ouvertement compromise.

Pendant trois semaines et demie, Biden a proclamé qu’il avait toutes ses facultés et qu’il allait battre Trump en novembre prochain, ce que sa vice-présidente Kamala Harris a continué aussi à affirmer. Mais, craignant la défaite, de nombreuses personnalités du Parti démocrate ont conseillé à Biden d’abandonner et, plus important encore, de grands bourgeois ont annoncé avoir suspendu leurs dons à la campagne démocrate.

Ces semaines ont permis à Harris de se préparer à prendre la suite de Biden et ainsi de prendre une longueur d’avance sur ses rivaux de l’appareil démocrate. Les dons des milliardaires ont maintenant recommencé à affluer et Harris peut espérer être officiellement désignée candidate lors de la convention démocrate à la mi-août.

Ce changement d’attelage a lieu sur fond de continuité politique. Le sexe, la couleur de peau et l’âge du candidat changent, mais Harris a commencé ses premiers discours de campagne en encensant le bilan de Biden, qui est aussi le sien. À l’écouter, Biden aurait tout à la fois sauvé la démocratie, relancé l’économie, combattu la pauvreté et amélioré la santé de la population.

Or c’est loin d’être l’opinion des classes populaires américaines. Ce n’est pas seulement la vitalité déclinante de Biden qui a éloigné des électeurs ouvriers du vote démocrate. Le bilan de Biden – en réalité celui du capitalisme, mais il l’assume de fait – c’est aussi notamment la perte de pouvoir d’achat sous les coups de l’inflation. En trois ans, l’indice officiel des prix a augmenté de 18 % sans que les salaires suivent.

Le républicain Trump et son colistier Vance ont profité de cette situation, lors de la récente convention républicaine, pour courtiser le vote ouvrier. Ils ont même invité le dirigeant du syndicat des Teamsters à y tenir un discours fustigeant l’avidité des grandes entreprises. Vance, issu d’un milieu modeste, a dénoncé les « prix fous » des logements en comparaison aux « salaires stagnants ». Il peut ainsi contribuer à rendre le milliardaire Trump crédible aux yeux des travailleurs : « Nous avons besoin d’un dirigeant qui ne soit pas la marionnette du big business, mais qui parle au travailleur, syndiqué ou non. Un dirigeant qui résistera aux multinationales et défendra l’industrie américaine », a-t-il dit. Il y ajoute une démagogie nationaliste en déclarant : « Nous n’importerons pas de main-d’œuvre étrangère », accusant celle-ci de faire baisser les salaires et dédouanant évidemment les patrons.

À la campagne de Trump, Vance n’apporte pas que des voix potentielles, mais aussi des financements. Car s’il a grandi dans une famille populaire, il a fait carrière dans de grandes entreprises de la finance et de la technologie où il s’est enrichi. Trump n’est pas le seul milliardaire dans son carnet d’adresses.

Les capitalistes qui financent le Parti républicain, comme ceux qui soutiennent le Parti démocrate, ne se trompent pas. Les discours de campagne visant l’électorat ouvrier ne les impressionnent pas car ils savent que le candidat élu, quel qu’il soit, se mettra à leur service.

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