États-Unis : et à la fin, c’est la bourgeoisie qui gagne23/10/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/10/une_2934-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : et à la fin, c’est la bourgeoisie qui gagne

Alors que la campagne électorale pour la présidence des États-Unis entre dans sa phase finale, la course entre Donald Trump et Kamala Harris semble serrée dans quelques États-clés.

Ce ne sont pas les prises de parole des uns et des autres qui peuvent beaucoup éclairer les électeurs. Trump traite régulièrement sa rivale de « déficiente mentale » : un appel à peine voilé aux préjugés racistes qui veulent que les Noirs soient stupides. Récemment il l’a aussi traitée de « vice- présidente de m… » dans un meeting avant de discourir sur la taille du pénis d’un joueur de golf décédé… De son côté, Harris ne se prive pas de décrire Trump comme « cruel, instable et dérangé ».

C’est dire si le débat présidentiel se déroule au ras des pâquerettes. Que les commentateurs qui présentent cette élection comme décisive pour l’avenir du monde se rassurent tout de même : la politique menée par le prochain locataire de la Maison Blanche n’aura aucun rapport avec ses propos de campagne. Sans avaler les inepties des uns et des autres complaisamment relayées par les médias, beaucoup de travailleurs s’apprêtent surtout à voter contre un candidat malgré ce que l’autre représente.

Trump a de quoi susciter le rejet : sexiste, raciste, il traîne dans son sillage une extrême droite qui pourrait sévir pas seulement lors des élections, comme cela s’est déjà vu, par exemple lors de l’attaque du Capitole. Mais comment expliquer que certains travailleurs s’apprêtent à voter pour ce milliardaire, qui a le culot de promettre des emplois bien payés tout en félicitant les patrons qui licencient ? L’exaspération de nombreux salariés qui ont vu leur niveau de vie entamé sérieusement par l’inflation de ces dernières années y est pour beaucoup.

Joe Biden et sa vice-présidente Harris apparaissent comme les responsables du fonctionnement de l’économie qui réduit les salaires réels et met le logement, la santé, l’éducation et même l’alimentation hors de portée d’un nombre toujours plus grand de familles populaires. Pendant que les milliardaires s’enrichissent outrageusement.

Les représentants de la gauche démocrate, comme Bernie Sanders ou Alexandria Occasio-Cortez, ainsi que des dirigeants syndicaux, soutiennent Kamala Harris, la décrivant comme une « combattante de la classe ouvrière ». Cela ne suffit pas à convaincre, tant la réalité est à l’opposé. Au contraire, en s’affirmant « capitaliste », elle recherche le soutien des financiers de Wall Street ou celui des républicains hostiles à Trump en leur promettant de les inclure dans son futur gouvernement. Harris tourne ainsi ouvertement le dos aux travailleurs et donne à Trump la possibilité de se présenter comme leur défenseur.

De plus, lorsque Harris promet de lutter contre l’immigration en prolongeant le mur à la frontière mexicaine, ou exprime sa solidarité avec Israël qui mène des guerres sanglantes au Moyen-Orient, elle se place sur le même terrain politique que Trump. En réalité, ce ne sont pas les électeurs, avec leur bulletin de vote, qui décident de la politique qui sera menée à Washington, mais les très grandes fortunes du capitalisme des États-Unis. Le plus riche des multimilliardaires, Elon Musk, finance à lui seul la campagne de Trump à hauteur de 75 millions de dollars. Mais Harris n’est pas en reste, qui a récolté plus d’un milliard, provenant tout autant de gros capitalistes. Ces gens-là savent ce qu’ils achètent : ils veulent une présidence qui leur soit toute dévouée, quel que soit l’élu.

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